Phénomène n Depuis plus de dix ans, de nouvelles constructions sont érigées dans le village : des villas, des camps de vacances et des maisons. Le village connaît en parallèle une série de démolitions entreprises par la direction de l'urbanisme et la daïra sur décision de la wilaya dans le cadre de la lutte contre les constructions illicites. Parmi celles-ci, 17 ont été démolies durant la première semaine de ce mois d'avril. A ce jour, plus d'une centaine de constructions ont été démolies à El-Beldj. Les habitants se sont révoltés contre ces décisions de démolition qu'ils jugent injustes. «Certains projets de l'Etat ont été réalisés sans permis de construire. Pourquoi nous reproche-t-on l'absence du permis de construire ?», s'interroge un citoyen. «Nous avons construit sur les terres de nos familles héritées de père en fils», a-t-il repris. Interrogés, des citoyens reconnaissent avoir construit sans permis. «Certains jeunes ont effectivement construit sans permis de construire mais sur les terrains de leurs familles. Notre famille compte 14 membres et je devais construire sur le terrain de mon père pour fonder un foyer», nous dit un jeune. «Ma famille vit ici depuis 3 siècles», l'interrompt El-hadj Ahmed Serhane 76 ans. «Je suis né ici, l'acte du commissaire enquêteur date de 1877. D'autres depuis 1902. Pourquoi nous dit-on que ce n'est pas notre terre qui s'étend du sommet de la montagne jusqu'à la mer ?», poursuit un jeune. «Nous ne sommes pas des hors-la-loi ! Nous avons toujours été montrés du doigt. Pourtant, nous sommes de bons contribuables. El-Beldj ne devrait pas être synonyme de démolition et encore moins de constructions illicites. El-Beldj, c'est aussi des richesses à exploiter et des citoyens à aider», commente un homme la quarantaine passée qui ne s'est pas empêché d'exprimer sa colère. «Les citoyens d'El-Beldj n'ont jamais demandé de logements sociaux à l'instar de tous les Algériens. Nous n'avons même pas bénéficié de logement rural dont nous n'avons entendu parler que par le biais de la presse.» «Trouvez-nous une solution ! Nous sommes perturbés et stressés, nos enfants aussi. Ils ont peur que leurs maisons soient démolies.» Certains jeunes d'El-Beldj, voire plus âgés se sont retrouvés sans travail selon les citoyens depuis l'arrêt des travaux de constructions où ils travaillaient en tant que maçons ou manœuvres. Belkacem Benhammou, 44 ans, père de 5 enfants, est ouvrier maçon mais sans aucune assurance. Je suis diplômé et j'ai demandé un projet dans le cadre de l'Ansej mais après avoir déboursé plus de 30 000 DA pour frais de dossier et les déplacements, mon dossier a été refusé par la banque. Et avec l'arrêt des travaux, je me retrouve au chômage», indique-t-il. Son voisin, Mohamed Serhane, 52 ans, est dans le même cas que lui : «A mon âge, j'habite toujours chez mon père avec mes 6 enfants. Ni emploi ni maison.» «Ce sont nos terres et celles de nos parents» crie un autre jeune. Exceptions l Concernant certaines constructions non démolies, le président de l'APC nous a expliqué que cinq familles dont les maisons ont été classées rouge lors du séisme de 1989 par le contrôle technique (CTC), qui avait exigé leur évacuation en urgence, ont été épargnées. «Le CTC avait recommandé de les recaser. On a leur avait attribué une petite superficie à El-Beldj pour les laisser construire et ils auront bientôt, dans le cadre de la loi, leurs actes de propriété.»