Nostalgie n «En ce temps-là, les récoltes étaient bien meilleures que celles d'aujourd'hui (qualitativement parlant) à telle enseigne qu'une orange était deux fois plus grosse que celle d'aujourd'hui.» De quelque 900 mm de précipitations par an sur la Mitidja, la moyenne annuelle actuelle est de quelque 600 mm. Les nombreux oueds qui la traversent (Réghaïa, La Chiffa, Boudouaou, Djer et Bouroumi) ne semblent plus d'aucune utilité pour elle. «Je me rappelle que durant les premières années de l'indépendance, la pluie tombait sans arrêt durant plusieurs jours. Aujourd'hui, ce n'est hélas plus le cas», se remémore ammi Abderrahmane, un septuagénaire de la région de Mouzaïa à l'ouest de Blida. De son côté, Zohra Maâmar, une femme originaire de la riche plaine d'El-Affroun (20 km à l'ouest de Blida), se rappelle les premières années de l'indépendance. «En ce temps-là, il pleuvait toujours à torrents pendant la période hivernale, parfois 2 semaines sans arrêt. A cette époque-là, les récoltes étaient bien meilleures que celles d'aujourd'hui (qualitativement parlant) à telle enseigne qu'une orange était deux fois plus grosse que celle d'aujourd'hui», nous dira-t-elle, tout en joignant les deux mains comme pour s'assurer que son message a été compris. Jadis, et à la faveur de ses très riches potentialités agricoles et de la fertilité de ses terres, la région de la Mitidja, s'étendant sur une centaine de km de long et une quinzaine de km de large, a, très vite fait, d'attirer les convoitises des colons français. Ces derniers l'ont intensément mise en valeur. Les cultures étaient très diverses : le tabac, le coton, les céréales et, bien évidemment, la vigne. La quasi-totalité de la production allait vers la métropole. A l'indépendance, l'agriculture de la plaine a été reconvertie. Les vignes ont été remplacées par l'arboriculture et l'élevage laitier. Et consécutivement au manque d'eau de surface, les eaux souterraines sont très sollicitées. Une simple visite des exploitations agricoles (EAI ou EAC) permet d'affirmer que ces dernières sont dotées de puits et de forages. L'eau souterraine sert à irriguer la culture agrumicole. Ce type occupe plus de 16 000 hectares au sein de toute la Mitidja, soit 32% de la surface agricole utile (SAU, suivie de l'arboriculture fruitière et des céréales (plus de 10 000 ha. La quasi-totalité des superficies agricoles sont irriguées soit selon le système du goutte-à-goutte, soit en aspersion. Dans l'état actuel des choses, si le recours aux eaux souterraines est inévitable, force est de constater qu'à la longue, cette pratique ne peut que se répercuter négativement sur la capacité totale de la nappe.