Tension n Le bras de fer entre le wali de Chlef et le représentant de la coordination des sinistrés du séisme de 80 a fini par aboutir au tribunal puisque ce dernier a été poursuivi en justice pour diffamation et outrage à l'autorité. Le facteur déclencheur des émeutes a été les poursuites judiciaires engagées par le wali de Chlef contre Mohamed Yaâkoubi, le président de la coordination des sinistrés du séisme de 1980. Ce dernier n'a pas cessé de défendre et de crier haut et fort les droits des sinistrés à l'aide financière octroyée par la loi de finances de 2007 et qui s'élevait à 100 millions de centimes en dons et 100 autres en prêts. Cette aide devait permettre aux concernés d'améliorer l'état de leurs constructions. C'est le président lui-même qui a décidé par ordonnance que cette aide soit versée, mais cette ordonnance ne s'est jamais traduite sur le terrain. Il faut rappeler qu'en 2000, sous l'ère Benbitour, l'aide était fixée à 40 millions de centimes pour être revue à la baisse en 2002 ou elle a été fixée à 30 millions. Des propositions ont été faites, mais aucune application n'a vu le jour jusqu'à ce que Mohamed Yaâkoubi soit passé à l'acte en écrivant aux journaux et en rendant publics des communiqués qui n'ont pas été tendres. «Des écrits qui n'ont jamais été du goût des responsables alors que je ne faisais que défendre les intérêts des sinistrés». Ex-P/APC adjoint et ancien moudjahid, M. Yaâkoubi qui a été élu à la tête de cette coordination en 2004, n'a pas cessé de militer pour la juste cause de ses concitoyens. Les sinistrés qui ne voulaient pas quitter leurs lieux de résidence ont, à l'unanimité, encouragé cet ancien enseignant à les défendre car refusant qu'ils soient relogés dans des F3 dans la nouvelle ville de Chettia. «Nous n'avons rien contre ce projet du président de la république comme ils le stipulent mais nous ne voulons pas troquer ce qu'on a contre une exiguïté. Si c'est pour décompresser les nombreuses familles, oui», a déclaré le président de la coordination des sinistrés. Le dimanche 27 avril, le procès de Yaâkoubi a été reporté au 11 mai alors qu'il devait se dérouler le 20 de ce mois. A la sortie du tribunal, Yaâkoubi est porté en triomphe mais une demi-heure après, les émeutes éclatent non loin de là. Des saccages ont eu lieu après que les jeunes ont commencé par des jets de pierres sur les agents de l'ordre qui ont formé un important dispositif sécuritaire. Les émeutes se sont généralisées dans tous les quartiers de la ville et dans les communes avoisinantes comme Chettia et même Boukadir. De nombreux édifices ont été ciblés : le musée, le siège de la direction régionale de la CNEP, celle d'Algérie Télécom. En outre, des incendies ont eu lieu à la direction des Mines, les postes ont été les plus touchées. Des opportunistes ont même profité de l'occasion pour agresser les voitures de passage pour délester leurs propriétaires de leur argent et de leurs téléphones portables. Les boutiques ont fermé et l'espace de deux jours, la paisible ville de Chlef a été traversée par les démons de la colère.