C'est dans une salle archicomble et sur fond de déploiement important des services de sécurité que s'est déroulé hier au tribunal de Chlef le procès opposant le coordinateur de cités en préfabriqué, Mohamed Yacoubi, à l'ancien wali de Chlef, Mohamed Ghazi. Chlef : De notre bureau Le premier cité était poursuivi pour « diffamation, menaces, outrage à fonctionnaire et usurpation de qualité », sur plainte évidemment du chef de l'exécutif de wilaya partant. Rappelons que cette affaire avait été renvoyée le 27 avril dernier, suite aux violentes émeutes qui ont ébranlé la commune de Chlef et celle de Chettia. Après avoir écouté toutes les parties concernées, la présidente de la séance a mis l'affaire en délibéré pour le 1er juin prochain. De son côté, le représentant du ministère public a demandé l'application stricte de la loi. Mohamed Yacoubi a nié en bloc les faits qui lui sont reprochés, il fera savoir que toutes ses activités ont été menées dans le strict respect des lois de la République et qu'il a agi en tant que président d'une coordination des cités en préfabriqué dûment désigné par ses représentants. L'avocat de la wilaya a justement focalisé son intervention sur ce point précis, indiquant que le coordinateur des cités en préfabriqué n'avait pas cette qualité pour s'exprimer en tant que tel et que la commission de suivi du dossier du préfabriqué, dont il était membre, a été dissoute par le wali de Chlef. D'après lui, le mis en cause a « diffamé son client et créé un climat perturbé par des agissements condamnables ». En réponse, M. Yacoubi indiquera qu'il n'a jamais insulté quiconque, tout en exhibant des documents officiels par lesquels les autorités locales, le wali de Chlef en tête, lui avaient reconnu cette qualité et l'ont même invité à plusieurs réunions officielles en sa qualité de président de la coordination des sinistrés. Sur la dissolution de la commission technique, il affirmera qu'il n'a reçu aucun document officiel de la wilaya. « On m'a juste informé de cela par le biais d'une audition aux services de police, mais j'ai déclaré que toute décision du genre doit passer par la justice et faire l'objet d'une notification en bonne et due forme d'un huissier de justice. Ce qui n'a pas été le cas malheureusement », a-t-il indiqué au magistrat. Son avocat, maître Abdelkader Bennegouche, a abondé dans le même sens en déclarant que la décision prise par le wali de Chlef de dissoudre la commission de suivi du préfabriqué ne remet aucunement en cause la représentativité du coordinateur des cités en préfabriqué. « Le problème concernait le groupe technique en question et non la coordination des sinistrés qui a été désignée en toute légalité par les comités des quartiers concernés », a-t-il souligné. Il a qualifié, par ailleurs, la région de Chlef de « grand bidonville d'Afrique ». S'adressant à la partie adverse, il lancera : « Cessez de faire l'amalgame entre l'affaire qui est jugée aujourd'hui et les émeutes qui ont secoué la région il y a une quinzaine de jours. » Et d'ajouter à propos d'un autre grief : « Il n'y a pas que Yacoubi qui a demandé le départ du wali, toute la population a exprimé cette volonté et le wali a d'ailleurs été muté ailleurs. » Se joignant à lui, sa collègue Attatfa ne lésinera pas sur les mots pour faire le procès de l'administration quant à la gestion de certains dossiers, dont celui du foncier agricole qui a été utilisé pour des projets de construction. En conclusion, les deux avocats, qui faisaient partie d'un collectif de six défenseurs, ont demandé la relaxe pure et simple de leur mandant. Le verdict sera connu le 1er juin prochain, mais tous les présents à l'audience d'hier ne cachaient pas leur optimisme quant à l'issue du procès. A noter que parmi la foule nombreuse, on notait la présence de deux dirigeants du RCD, le député Nourredine Aït Hammouda et le secrétaire national chargé des grands dossiers, Ahmed Bennegouche.