La ville de Chlef n'a jamais connu de pareils événements depuis 1988 qui avait vu le soulèvement de tout un peuple dans toutes les contrées du pays. Le climat tendu qui y règne ces derniers jours rappelle celui des premières journées du séisme de 1980 qui avait secoué toute la région. Cette fois, ce n'est pas la terre qui a tremblé mais les esprits des habitants de cette ville qui veulent que la marginalisation cesse une fois pour toutes. Tous les quartiers de la ville ont été agités par la même colère et toutes les petites communes avoisinantes ont eu leur lot de casse. Les jeunes ont cherché et ont trouvé le moyen de se faire voir et entendre, la manière était violente, mais a eu l'écho escompté. Et ces deux jours d'avril resteront à jamais gravés dans la mémoire des Chélifiens. Un cri pour la justice puisque c'est à partir du tribunal que l'histoire a commencé à l'occasion d'une affaire dans laquelle le verdict n'est pas encore tombé, celle de gens qui ont osé défendre leurs intérêts. C'était dimanche, quand le procès du président de l'Association des quartiers en préfabriqué poursuivi en justice par le wali de Chlef pour diffamation et outrage aux autorités s'est ouvert. Les Chélifiens viennent d'apprendre, à leurs dépens, que le séisme ne tue pas seulement lorsqu'il démolit les bâtisses mais il fait durer le traumatisme, les souffrances et les attentes. N'est-ce pas que ces mêmes sinistrés de 1980 vivent dans des baraques depuis 27 ans alors qu'ils ne devaient y rester qu'une dizaine d'années. Le séisme a bien laissé des séquelles même si la plupart des manifestants ne s'en souviennent même pas puisqu'ils sont nés après la catastrophe qui a frappé El-Asnam le 10 octobre 1980.