C'est une fête du calendrier agraire qui tombe généralement le 24 juin de l'année julienne, soit le 6 juillet de l'année grégorienne. L'étymologie du mot est des plus obscures. Dozy, dans son supplément des dictionnaires arabes, lui donne une origine hébraïque : ‘asara, terme signifiant «assemblée», et qui vient à désigner la pentecôte juive, les auteurs arabes, tels que Ibn El-H'adj, le rapprochent aussi de la racine arabe ‘asara «presser, contraindre» ou alors, de ‘as'ara, usité à Tlemcen, avec le sens de «faire des fumigations». Ce jour, en effet, est un jour où on allume des feux et où on enfume les arbres pour les rendre plus fertiles. Il y a aussi les étymologies populaires qui établissent un rapport entre les noms et les anecdotes. Dans l'ouest algérien, on relie le nom de ‘ansera à une sorcière qui portait le nom de Sara. C'est une méchante femme qui passait son temps à jeter des sorts et à semer la zizanie entre les familles et les couples. On l'aurait empêchée de nuire si on ne la craignait, mais chacun, dans son for intérieur, souhaitait sa mort. Une de ses victimes, n'osant l'attaquer de front, eut l'idée d'accrocher à un arbre, non loin de son domicile, un écriteau avec cette formule : «Ya Rabb, ‘el‘an Sara ! (ô Seigneur, maudis Sara !), depuis, chaque personne qui passe par-là récite la formule. La sorcière finit par mourir un certain jour d'été. Ce jour, devenu jour de réjouissances, reçut le nom de «‘el‘an Sara», par contraction El ‘Ainçra.