Animation n A 8h déjà, le site bat son plein. Les commerçants sont tous là. Certains y ont même passé la nuit. L'activité s'annonce ainsi tôt dans certains locaux où la lumière s'éteint rarement dans l'espoir de dissuader toutes les velléités d'effraction. Cette vigilance est naturellement compréhensible au regard de la quantité de marchandises entreposée dans ces espaces. Ces derniers dépassent rarement les 16 m2, à l'exception de quelques-uns. Les produits exposés, tous «made in», proviennent en grande partie de Turquie, d'Espagne, d'Italie, de Chine, de Syrie, d'Egypte… Contrairement à ce qu'on pourrait croire, le port de Dubaï reste peu sollicité, aujourd'hui, par les importateurs, du moins par ceux qui travaillent avec les détaillants installés sur ce site. Les prix seraient plus élevés que ceux pratiqués par les pays cités ci-dessus. Cette corrélation n'est cependant pas tout à fait fictive, puisqu'à ses débuts, ce marché a vu circuler beaucoup de produits venus de cet émirat. Dès l'entrée, l'on est emporté par ces mille et une couleurs qui enchantent le visiteur et font que l'endroit devient une ruche grouillante. Des magasins de vaisselle, de lingerie, d'articles de décoration, d'électroménager, de cosmétiques, de pièces détachées, de meubles… L'espace est devenu, à l'instar des autres bazars d'Alger-Centre, un passage obligé pour tous les visiteurs de la commune de Bab Ezzouar. Dans la principale ruelle longeant le parking, un magasin d'articles ménagers est ouvert. En attendant l'arrivée des premiers clients, les vendeurs s'activent afin de mettre tout en place et de la manière la plus engageante. Un peu plus loin, un rideau se lève, laissant apparaître un semblant d'entrepôt plein à craquer de tapis de différentes dimensions et armures. Le propriétaire est un Egyptien qui nous confirme que son produit est 100% égyptien. «Nous ne savons pas ce que c'est le produit chinois. Nos tapis sont tissés exclusivement par des mains égyptiennes», affirme-t-il avec pugnacité, comme pour nous assurer que ses tapis n'ont rien à voir avec ceux de Chine dont la qualité est remise en cause. Entre-temps, des dizaines de personnes tirant des chariots lourdement chargés attirent notre attention. Elles traversent le marché de bout en bout pour décharger la marchandise dans différents magasins de «Dubaï». Ici s'est installée toute une communauté d'«affairistes» venus pour la plupart, à en croire certains, de la région de Sétif. Ce marché qui n'était auparavant qu'une étendue presque à l'abandon selon des témoignages recueillis sur place, est devenu un lieu d'activité juteuse. C'est vers la fin des années 1990 que le marché commence à se structurer avec les quelques grossistes qui s'y sont installés. Ils sont venus, dit-on, de Sétif. Des commerçants de père en fils. Le choix de cette région à l'époque presque désertique n'était pas fortuit. Ces commerçants voulaient des locaux à moindre prix et très proches du port. Au marché «Dubaï», on ne jure que par ces promoteurs devenus de véritables barons de l'importation.