Résumé de la 46e partie n Le local est vide et le vendeur, assis à une table, une balance à la main, est là, vendant des conseils. «Qui tend un piège à son frère finit par s'y précipiter.» Cet adage est illustré par de nombreux récits. En voici un que l'on relève dans le centre algérien. On raconte que, dans un village, vivait un vieil homme qui tenait une boutique, mais une boutique d'un genre particulier. Le local est vide et le vendeur, assis derrière une table, une balance à la main, est là, attendant les clients. Les gens, au départ, étaient intrigués par ce vendeur étrange, mais on découvre aussi que l'homme ne vend pas de marchandises, mais des conseils ! Il laisse à ses clients, en fonction de l'utilité des conseils qu'il leur donne, le soin de le payer. Mais quels sont les conseils que l'homme donne ? Le client va vers le vieil homme et lui fait part de ses préoccupations. Un exemple : un homme entre dans la boutique et se plaint. — Je ne suis jamais content de ce que j'ai ! — Tu as de quoi manger ? — Oui ! — Tu as de quoi te vêtir ? — Oui… — De quoi entretenir ta famille ? — Oui, oui… — Alors, écoute bien mon conseil : ne sois pas comme les céréales qui disent : «une pluie quotidienne, c'est de trop, une pluie tous les deux jours, c'est peu !» L'homme ne comprend pas. — Si tu te plains aujourd'hui, alors que tu as tout pour être heureux, demain, tu te plaindras, parce que tu seras en manque. Loue Dieu de ce qu'il te donne et prie-le de t'éviter le manque. C'est la voie de la sagesse ! L'homme accepte le conseil et donne une pièce au vieil homme. Parfois, l'homme parle par énigmes et il faut du temps au client pour comprendre ses paroles : un exemple, celui de cet homme qui a épousé sa cousine et qui s'entend mal avec elle. Il est donc allé voir le vieil homme pour lui faire part de sa volonté de la répudier. — Quel conseil me donnes-tu ? Le vieil homme actionne sa balance. — Les vers proviennent de son bois ! Le client ne comprend pas. — Peux-tu m'expliquer ce que cela veut dire ? Le vieil homme hoche la tête. — Regarde le bois pourri : les vers proviennent de lui… Regarde le fromage et les fruits vermoulus : on les mange bien sans aucune répugnance, puisque les vers proviennent d'eux… L'homme a compris. — Tu as raison : ma cousine est de mon sang, il me faut la supporter ! (à suivre...)