Vérité n Les étudiants dans les cités universitaires se nourrissent d'une façon très déséquilibrée et l'hygiène est à déplorer. Une tournée dans les cités universitaires nous renseigne suffisamment sur ces réalités amères. L'ordinaire de l'étudiant en Algérie ne s'est pas amélioré depuis des décennies. Il est très pauvre, mal équilibré et … mal préparé. Tous les étudiants déplorent cette situation qu'ils n'arrivent pas à comprendre. «Nous avons certainement des nutritionnistes et ils ont dû constater que le repas de l'étudiant est très loin des recommandations internationales de l'OMS. Le programme national de la nutrition universitaire ne prend pas du tout en considération ces données. Il faut augmenter la consommation des viandes, des légumes et des fruits dans le menu de l'étudiant. Il faut un apport lipidique important. Car la vie étudiante constitue une période de changement essentielle du point de vue du rapport à la santé. C'est la fin de l'adolescence où se prennent certaines habitudes (vie sexuelle plus active, besoins biologiques, efforts cérébraux importants …)», a souligné le Dr Labed du CHU de Annaba lors de sa communication au 3e Congrès de santé scolaire et universitaire tenu à Alger au mois de février de l'année en cours. Le menu proposé dans les restaurants universitaires ne répond pas du tout à ces besoins. A la cité universitaire des garçons à Ben Aknoun, les résidents n'ont droit qu'à des pâtes durant plusieurs jours de la semaine ou aux légumes secs mal préparés. «C'est pratiquement immangeable, ces choses-là. Parfois on nous les sert crus. Il faut une volonté de fer pour pouvoir les manger ...», souligne un étudiant qui habite la cité depuis deux ans. Au menu de l'étudiant, il y a rarement de la viande. Mais plutôt des œufs ou des tranches de casher. Le poisson et le poulet ne sont servis que plus rarement encore et parfois occasionnellement Pour le dessert, quand il y en a, c'est quelques dattes ou un yaourt. Les autres fruits riches en vitamines oranges, pommes, raisins…) sont rarement servis. A la cité des filles à Ben Aknoun, l'hygiène dans le restaurant universitaire est à déplorer. «Les cuillères ne sont pas lavées convenablement, il reste dessus des résidus de pâtes et de sauces … Même constat pour les plats qui sont très mal rincés. Pour le pain, c'est souvent celui de la veille qu'on ressert aux étudiants. Nous mangeons du caoutchouc, pas du pain. Il est très difficile à mâcher. Il faut un gros effort des mâchoires ...», déplore une étudiante. Les tables du restaurant universitaire sont souvent anciennes et abîmées, les chaises aussi, elles ne sont pas confortables et l'étudiant n'est pas du tout à l'aise. Pour une grande partie des étudiants, il faut souvent «doubler le repas» pour pouvoir se rassasier et avoir de l'énergie pour le lendemain. «Je refais la queue chaque soir pour pouvoir «doubler la mise» et manger à ma faim. Car un seul repas comme celui servi au restaurant universitaire est très insuffisant et déséquilibré. Il sert juste à couper la faim ... », souligne un étudiant au restaurant universitaire Amirouche à Alger. Après les repas, les étudiants ne trouvent pas d'eau dans les robinets pour se laver les mains, et, cela, sans parler du savon … Dans les chambres l'eau manque aussi … Certains étudiants sont obligés de se doter de jerricans pour faire des réserves en eau. Dans les toilettes c'est une vraie catastrophe et dans les chambres les lits sont souvent anciens et les matelas éventrés …