Constat n Aucun travail de protection et de restauration n'a été entrepris par la direction de la culture pour sauver et sauvegarder le patrimoine national. Il y a quelques jours, nous avons effectué en compagnie de représentants de la direction de la culture et des autorités locales d'Ifigha, une visite guidée au site historique Ifri N'dellal où nous avons constaté sur le terrain cette triste réalité. Le site se trouve à quelques encablures du village Ifigha, sis à 15 km à l'est de Tizi Ouzou dans la daïra d'Azazga et à mi-chemin du village Aourir au lieu dit Tifraouine. Pour y accéder, il faut se frayer un chemin entre les ronces, les genêts et autres plantes car aucune piste n'est aménagée pour accéder à la grotte et «c'est mieux ainsi, car cela dissuadera beaucoup de gens de s'y rendre et de dégrader le site», nous confie le président de l'APC d'Ifigha. Notre interlocuteur pense que tant que le site n'est pas protégé et restauré il vaut mieux ne pas ouvrir d'accès. Après une lutte acharnée dans la broussaille, nous parvenons sur un grand plateau qui aurait été aménagé pour en faire une sorte d'autel. C'est le toit de la grotte et il porte le nom de Azrou Bwesfel (la pierre du sacrifice). Selon la légende, des gens s'y rendaient pour y faire des sacrifices. Des bêtes sont immolées sur le toit de la grotte de laquelle on a une superbe vue sur les villages avoisinants et même sur Larbaâ Nath Irathen. Le sacrifice effectué, les personnes concernées descendaient ensuite vers la grotte pour inscrire sur ses parois leurs vœux et souhaits (bonne récolte, guérison, avoir des enfants…). Les transcriptions sont réalisées à partir d'une «encre» rouge à base de terre rouge, à ce jour utilisé par les Kabyles pour décorer la poterie, à laquelle on mélangeait de l'huile pour qu'elle ne s'efface pas. Nous descendons du rocher pour aller vers la grotte et, première surprise, à la place de la grotte nous découvrons une immense paroi rocheuse avec au-dessus une sorte de préau. Renseignement pris, nous apprenons auprès de nos accompagnateurs qu'il y avait bien une grotte au départ, mais un séisme en a détruit une énorme partie, découvrant le fond et aujourd'hui, il ne reste plus qu'une paroi d'Ifri N'dellal. Deuxième surprise, les écritures libyques sont dans un état de dégradation avancée, les écritures sont délavées et d'autres quasiment effacées. Entre la découverte du site en 1903 par Saïd Boulifa, et 1990 année où Salem Chaker a visité l'abri sous roche, près de 40% des écritures ont disparu. En 2008, 18 ans plus tard, d'autres transcriptions se sont certainement effacées. D'ailleurs le dessin d'un guerrier avec un chacal est presque invisible. Avec la mise à nu des écritures par le séisme, les transcriptions sont exposées au soleil, au vent et à la pluie… qui, au fil des années, les délavent. Mais il y a aussi l'homme. Des mains inconscientes ont écrit des noms à la craie blanche sur la roche. En 2006, un incendie a ravagé toute la région. Que signifie Ifigha ? l Ifigha, qui est un mot kabyle, est le pluriel de Afugh qui signifie piton. Ifigha est donc un ensemble de pitons (sommets de montagne pointus et isolés). En effet, la région est très accidentée et les rochers poussent de la terre comme des champignons.