Fraude «Nous ne sommes pas assez puissants» pour présenter un candidat à l?élection présidentielle, a dit, vendredi, le secrétaire général du RND, Ahmed Ouyahia. Cette déclaration, faite lors d?une conférence de presse tenue après la réunion du conseil national du parti à Sidi Fredj, a appelé Abdelaziz Bouteflika à briguer un second mandat. A présent que Ouyahia a affiché ses choix, il reste à savoir si la neutralité des institutions de l?Etat sera garantie pour tenir un scrutin loyal et transparent. La difficulté pour Ouyahia est désormais de concilier sa double fonction de chef de parti qui s?engage dans la bataille électorale et de chef du gouvernement qui doit assurer l?équité entre l?ensemble des candidats. Ces derniers, qu?ils se soient officiellement déclarés ou pas, ne manqueront pas de considérer cette position délicate comme une menace à la sincérité du scrutin. Avant même cette annonce, certains hommes politiques, tel Taleb Ibrahimi, n?ont pas manqué de poser un chapelet de conditions pour leur participation aux élections. Les potentiels candidats ne manqueront certainement pas d?ajouter à leur liste une nouvelle condition : réclamer le départ d?Ahmed Ouyahia et la nomination d?un nouveau chef du gouvernement. Ouyahia était déjà assez embarrassé en se trouvant dans l?obligation de faire barrage aux critiques adressées précédemment à son ministre de l?Intérieur soupçonné par l?opposition de préparer la fraude. Certains partis comme le FLN ne manqueront pas de crier de nouveau, avec cette annonce de soutien à Bouteflika alors que celui-ci n?a même pas annoncé sa candidature, à l?instrumentalisation des moyens et des hommes de l?Etat, dans le but de faire réélire à tout prix Bouteflika . Mais en fin politicien, Ouyahia n?aura aucune difficulté à placer en avant de ses arguments le fait que ce soutien à Bouteflika n?est pas le premier du genre puisque c?était le même scénario en 1999 lors de la sollicitation du premier mandat de Bouteflika. En outre, Ouyahia aura sûrement recours à son statut autoproclamé de commis de l?Etat pour tenter de convaincre les concurrents de Bouteflika qu?il est dans l?obligation d?assurer sa neutralité en toute circonstance et que, de toute façon, rien dans la Constitution n?interdit à un Chef du gouvernement de s?investir dans la campagne électorale à son compte ou à celui d?un tiers. Ouyahia souligne, dès à présent, qu?il ne démissionnera pas de son poste. Il considère que les institutions de l?Etat ne doivent pas être en congé à chaque échéance électorale. Il ajoute que Benflis était à la tête du gouvernement lorsqu?il y a eu les élections locales et législatives sans soulever le doute quant à leur sincérité. - A une question de savoir s?il compte démissionner pour garantir la transparence du prochain scrutin présidentiel, Ouyahia a déclaré : «Les élections de 2002 ont été les plus transparentes depuis 1962 sans demander à ce moment-là la démission du Chef du gouvernement. Et puis, est-ce que vous pensez qu?il faudrait que je saute pour qu?il y ait un meilleur contrôle dans un bureau isolé ?» - Le Chef du gouvernement tente de convaincre de sa bonne foi en déclarant qu?il n?était «pas partant pour trafiquer les élections» et se réfère même à des élections antérieures pour étayer sa position. «J?étais Chef du gouvernement et candidat aux législatives et j?ai fait campagne. Même lorsque j?étais ministre de la Justice, j?ai sillonné le pays pour récolter des voix», a-t-il souligné.