Rencontre n Dans le cadre du mois de la Palestine, une après-midi théma a été proposée hier par la délégation Wallonie-Bruxelles à Alger. Au programme de cette rencontre, ayant pour titre «Palestine : extérieur-intérieur», une projection d'un documentaire, «Aux frontières», a eu lieu à la Bibliothèque nationale. Ce film, réalisé, en 2002, par la Libanaise Danielle Arbid, perçoit la Palestine de l'extérieur. La documentariste, pour comprendre un pays qui porte deux noms, Palestine et Israël, va, plus d'un mois durant, sillonner les frontières qui le dessinent sans jamais, toutefois, les franchir. Danielle Arbid, munie de sa caméra, va, en filmant les rencontres et les situations, de pays en pays, de la Syrie à l'Egypte, en passant par le Liban et la Jordanie. Et de chacune des frontières où elle se trouve, elle observe, de loin comme de près, cette terre qui lui semble si proche et si lointaine. Proche, parce qu'elle est à la frontière. Lointaine, parce que cette frontière est difficile à traverser. Sur chaque frontière où la documentariste se trouve, elle se met face à la Palestine ou à Israël, ce pays disputé, divisé, comme si elle se recueillait sur la mémoire d'un nom disparu. De l'autre côté de la frontière, elle regarde, contemple une terre fantôme, objet de tant de conflits, de séparation… C'est un regard de l'extérieur qu'elle livre, fait voir et partager. Ce regard – ce même regard que ceux qui le regardent de l'extérieur, le fantasment, le honnissent ou l'adorent – fait voir une réalité des plus étonnantes, insolites et déchirantes. Le documentaire se déroule comme un vis-à-vis : «Il expose un face-à-face avec un pays aussi obsédant qu'inaccessible…» Dans son périple, voire son errance géographique, la documentariste va à la rencontre des réfugiés palestiniens comme des populations frontalières. Elle les interroge, les écoute parler de Palestine ou d'Israël !? Quel nom d'ailleurs peut-on donner à cette terre rêvée ou ennemie !? En Jordanie, Danielle Arbid tente de traverser la frontière pour aller filmer la guerre de près, mais elle s'y refuse : «Je n'irai pas. Pas avant de voir la Palestine exister.» «Aux frontières» est un documentaire poignant sur «un itinéraire qui matérialise de manière percutante le caractère fantomatique et inaccessible d'un lieu dont même le nom est incertain». C'est un road-movie autour d'une terre qui, finalement, même si Danielle Arbid s'en trouvait à la frontière, est plus lointaine que jamais. l Après la projection du documentaire, une présentation d'un livre a eu lieu, celui de Marianne Blume. Ce livre décrit une Palestine de l'intérieur. Il dévoile une société fort éloignée des images habituelles et convenues. Il raconte son vécu quotidien, un quotidien fait de joies comme de peines, d'occupation et de résistance, de rêves comme d'espoir, d'humour et d'amitié… Lors de la présentation de son livre, l'auteur a déploré que «les couvertures médiatiques occidentales ne reflètent pas la réalité vécue au quotidien par les Palestiniens, notamment dans la bande de Gaza», ajoutant : «La plupart des journalistes sont tributaires des nouvelles et facilités fournies par le service de communication israélien.» Sur ce, elle a fort regretté que «le service de communication israélien soit plus efficace que celui des Palestiniens, signalant que l'ensemble des journalistes reçoit des dossiers de presse tout faits, avec des analyses soit disant objectives, et ils s'en servent.» Marianne Blume a, ensuite, appelé «les journalistes à aller au fond des choses pour ce qui est de la culture et traditions palestiniennes et à s'écarter des préjugés qui lient automatiquement l'Islam ou les musulmans à l'extrémisme. »