Récolte n Environ 200 tonnes d'alfa sont annuellement récoltées par des entreprises familiales, des collectifs d'artisans et parfois des ateliers publics. Ce regain d'intérêt pour l'exploitation économique de l'alfa a été observé à travers toute la wilaya de M'sila au cours des cinq dernières années. Une société de la région Est achète cette production en vue de son exportation. Jusqu'aux années 1990, c'était exclusivement une société publique de production de papier qui achetait l'alfa de la région, mais en ne prenant qu'une infime partie des quantités récoltées, soit une moyenne de 100 tonnes. Selon les habitants des zones alfatières de la wilaya qui s'étendent sur environ 200 000 hectares contre 140 772 hectares de forêts, les prix proposés alors étaient trop modiques par rapport à l'effort de récolte, effectuée manuellement en l'absence de tout outillage. Seuls ceux ne trouvant pas d'autres activités s'y adonnaient. La relance de l'activité d'arrachage de l'alfa favorise la régénération du couvert végétal, selon les techniciens des forêts qui estiment qu'à défaut d'une industrie papetière nationale de production de la pâte d'alfa, les récoltes sont souvent destinées à l'exportation. L'avenir économique de l'exploitation des gisements alfatiers apparaît prometteur, notamment avec l'intérêt qui lui est porté par les familles de la région de Sidi Ameur qui élargissent constamment les aires exploitées atteignant d'autres régions. L'artisanat local faisait déjà un usage assez large de cette plante utilisée pour la fabrication de tapis, de couffins et autres «cherrer», gros sacs pouvant contenir jusqu'à trois mètres cubes de blé portés à dos d'âne. El-kinina, une bouteille d'alfa, dont l'intérieur est oint d'huile de cade, était également largement produite par les artisans de M'sila. Aujourd'hui, seuls de rares artisans de la région sud de la wilaya continuent de produire cet ustensile. Le tapis de Boutaleb tressé avec les feuilles d'alfa n'est plus produit. Son artisanat, ayant fait la réputation de cette région mitoyenne des Maâdhid, semble s'être éteint alors que durant les années 1970 et 1980, ce tapis inondait les grands marchés hebdomadaires de la région. Dans les parties méridionales de la wilaya, les ménagères utilisent également les feuilles d'alfa pour égoutter une espèce de fromage local au goût bien particulier. Pour être utilisable artisanalement, l'alfa passe nécessairement par de laborieux stades de traitement pour rendre ses feuilles malléables entre les mains des tresseurs et tresseuses. Pour le conservateur des forêts, le déclin de ces métiers artisanaux incite à rechercher de nouveaux débouchés pour l'alfa locale en vue d'inciter les riverains des gisements alfatiers à en produire.