Il y a comme de la fébrilité dans l'air donnant le sentiment que l'on cherche à rattraper le temps perdu. C'est dans un univers plein de fantaisie et de gaieté que s'est déroulée la cérémonie en l'honneur des artistes comédiens, chanteurs, réalisateurs et plasticiens venus en grand nombre pour assister à cette manifestation, mardi dernier, au Théâtre national algérien Mahieddine-Bachtarzi. La date du 8 juin est désormais «un lien entre la culture et la libération» car elle coïncide avec l'exécution de l'artiste Ali Maâchi, en 1958, par l'Armée française. Ainsi, cette soirée a été couronnée par la distinction des lauréats en présence de Mme Khalida Toumi, ministre de la Culture, de M'hamed Benguettaf, directeur du Théâtre national algérien et d'autres personnalités du secteur de la culture. Dans une allocution en prélude à la cérémonie, Mme Khalida Toumi a mis en relief le rôle des artistes algériens durant la Révolution pour porter haut la cause nationale à travers le monde. Elle a rappelé, à cette occasion, les vertus du chahid Ali Maâchi, un «homme symbole», qui «a défié à travers son art l'injustice coloniale et qui constitue pour nous "un référent dans l'action" militante et dans l'amour de la patrie en vue d'édifier une culture basée sur les valeurs nationales et les principes unificateurs du peuple». Dans ce même contexte, la ministre de la Culture a rendu hommage à la noble mission des artistes algériens dans la réalisation de ces objectifs, soulignant «l'importance de la culture dans le développement, eu égard que la culture constitue un élément essentiel dans l'instauration des valeurs saines et un élément civilisationnel à même d'influer sur l'avenir des peuples. Elle a en outre ajouté, que tous les efforts consentis dans ce domaine (la culture) restent insuffisants et nécessitent d'être renforcés aussi bien par l'Etat que par les initiatives privées pour la dynamiser davantage». Quant aux heureux élus dont les prix sont décernés annuellement à l'occasion de la célébration de la Journée nationale de l'artiste, cette année encore, comme à l'accoutumée, elle concerne huit disciplines, à savoir le roman littéraire, la poésie, l'oeuvre écrite théâtrale, les arts lyriques et chorégraphiques, les arts cinématographiques et audiovisuels, l'oeuvre dramatique (théâtre) et les arts plastiques. Plus de 700 artistes en herbe issus de l'ensemble du territoire national ont présenté des travaux, dont le jury est présidé par le cinéaste Lamine Merbah. Le 1er Prix du roman littéraire revient à Abdelkader Bouderba, le 2e Prix à Mederegue Narou Sabah, tandis que le 3e Prix à Abdelkader Barghouth. Pour la poésie, le 1er Prix est revenu à Khaldia Djaballah, haut la main, le 2e Prix à Nourredine Bakria et le 3e Prix à Wassila Boussis. Samir Meftah, reçoit le 1er Prix en oeuvre écrite de théâtre, tandis que le 2e Prix revient à Samia Abdrabbou, et le 3e Prix à Abderazak Boukeba. Quant à l'oeuvre dramatique, le 1er Prix est décerné à Rabhi Toufik et le 2e Prix à Ahmed El Aggoune. Pour les arts lyriques et chorégraphiques: 1er Prix: Mokrani Salah Eddine, 2e Prix: Agrane Hassan, 3e Prix: Kadem Tarek. Concernant les arts cinématographiques et audiovisuels, les 1er et le 2e Prix n'ont pas été décernés, tandis que Meliani Sellami et Amar Si Fodhil ont reçu des Prix d'encouragement. Enfin dans les arts plastiques, les 1er et 2e Prix n'ont pas été décernés et le 3e d'encouragement est revenu à Kheïra Hbibès. A l'issue de cette cérémonie, la famille artistique a été bercée pendant plus d'une heure par l'Orchestre symphonique national sous la direction du maestro Rachid Saouli qui a agrémenté le concert par des morceaux musicaux de son riche répertoire en accompagnant également les chanteurs Mohamed Lamari et Akli Yahiaten rendant hommage, à titre posthume, aux défunts Ahmed Wahby, El Hachemi Guerouabi et Ali Maâchi. On remarque ces derniers temps un regain d'activité et de production qui traverse le monde de la culture. Il y a comme une de la fébrilité dans l'air, qui donne le sentiment que l'on cherche à rattraper le temps perdu. En apparence, il y a une réelle «explosion», d'ailleurs plus quantitative que qualitative. En réalité, cette «explosion» est à regarder de plus près, puisque lourde de paradoxes et de faux-semblants. Osons la question: nos artistes seront-ils capables de reprendre le flambeau et de suivre le chemin de leurs aînés Ali Maâchi, Farid Ali, Matoub Lounès et tant d'autres?