Danger n Les gens parlent beaucoup du cancer, mais semblent ignorer qu'il y a de plus en plus de maladies cardiovasculaires dues au tabac. Par exemple, l'infarctus du myocarde, qui touchait les hommes d'un certain âge, atteint aujourd'hui des femmes et des hommes de plus en plus jeunes. Une jeune fille de 21 ans est récemment décédée à la suite d'un infarctus à cause de la cigarette alors que personne ne savait qu'elle «fumait», affirme une dame. «C'est une victime d'un environnement qui a fait qu'elle s'est mise à fumer», commente le Dr Terkmane qui ajoute que «ces maladies sont évitables par rapport à d'autres maladies» et qu'il «faut commencer par le 1er palier du primaire pour la sensibilisation des enfants». Mohamed, la quarantaine, appelle à interdire la cigarette dans l'enceinte des hôpitaux et des établissements scolaires : «Il faudrait faire signer des engagements aux personnels, au même titre que la signature du contrat de travail ou du procès-verbal d'installation, de ne pas fumer et de respecter le règlement intérieur. Les élèves croient beaucoup plus leurs professeurs que les parents. Nous avons vu des professeurs demander un «garo» à leurs étudiants». La maladie, selon un membre de l'association Al-Badr, est un séisme qui atteint toute la famille. «Il faut expliquer aux jeunes que s'ils veulent devenir des hommes en bonne santé, ils ne devraient pas fumer. Il faut une révolution contre le tabac et le cancer comme nos parents avaient fait une révolution contre le colonialisme», estime-t-il. Le Dr Maâzouz, gynécologue à Oran, n'a jamais fumé. «J'explique à mes patientes les méfaits de la cigarette. Elles n'avouent jamais qu'elles fument. Elles trouvent toujours un argument tel que c'est son mari qui fume ou les collègues de travail», dit-il. Les études ont pourtant démontré que le fœtus fume avec sa mère et naît avec des maladies. «Il faut leur expliquer que fumer n'est pas un signe d'émancipation. Il faudrait interdire de fumer devant la femme enceinte. Il ne faut pas que cette campagne soit seulement périodique et sporadique. Il faudrait impliquer les mosquées et les imams. Les médias doivent jouer leur rôle», estime le médecin vite interrompu par un voyageur de Aïn Témouchent : «Allez discuter avec certains parents, ils vous diraient que cela ne vous regarde pas. Vous avez votre mission en classe et cela s'arrête là. Ils sont démissionnaires !» Dans un autre wagon, un professeur de lycée à Oran se désole de voir que sur ses 120 élèves, une cinquantaine de personnes sont fumeuses dont 2 ou 3 filles. «Les jeunes ont tendance à aller à la cigarette pour s'exhiber devant les filles», estime un autre voyageur. El-hadja Fatiha d'Oran verse des larmes en évoquant l'état de santé de son voisin. «C'était un sous-directeur de banque à Oran. Il est atteint d'un cancer du larynx. Heureusement que mes 3 garçons «mayakmouche» (ne fument pas). L'aîné âgé de 42 ans a eu un problème de tension à cause du tabac et il a arrêté depuis 2 ans. La cigarette, c'est mauvais. Elle devrait être interdite à la vente comme le kif et toute autre drogue...