Détresse n Emouvante aura été hier la cérémonie célébrée à Tipaza en hommage à la chanteuse «Nora» que les mélomanes appréciaient des années durant. Quarante ans après Baâd machafate Ayni… Nora, la diva de Tipaza, n'a plus de voix pour chanter. Sous dialyse il y a des années et déjà greffée en France, elle est, à plus de 66 ans, sur la liste des demandeurs de rein depuis près de 8 ans. «J'ai eu un problème de rejet, car le rein qu'on m'a greffé était celui d'un vieux, décédé à l'âge de 80 ans» a-t-elle révélé à InfoSoir, hier lors d'un hommage qui lui a été rendu à la salle omnisports de la ville, à l'occasion de la journée nationale de l'artiste. Ce qu'elle attend, c'est un rein à partir d'un cadavre. «Je n'accepterai pas d'être greffée à partir d'un vivant. Je voudrais un rein à partir d'un cadavre, me rétablir et rentrer dans mon pays pour y finir les jours qui me restent». Nora qui ne peut plus chanter suite aux effets de la dialyse, avoue, la voix éteinte mais qui n'a pas changé d'un iota, que «Je n'ai jamais voulu quitter mon public algérien. Mais que voulez-vous, cette maladie n'est pas facile. Je voudrais guérir et reprendre la chanson. Je suis actuellement suivie par une néphrologue privée à Dely Ibrahim… et j'attends». Fatma-Zohra Badji Nora, appelée également "la reine", est originaire de la ville de Sidi Ameur (Tipaza) qu'elle a quittée à l'âge de 7 ans avant d'y revenir hier, plus de 40 ans après, à l'âge de 66 ans. Elle interprétait, l'air mélodieux, des chanteurs en arabe, en français et en kabyle, avec l'aide de son mari Kamel Hamadi. A l'âge de 17 ans, elle enregistre sa première chanson. Baâd ma chafate ayni lui ouvre la voix de la notoriété. Le fait de passer par le conservatoire de musique et des arts dramatiques, lui a non seulement permis de chanter, mais aussi d'interpréter des rôles dans des films révolutionnaires et des pièces théâtrales. Réputée par son pouvoir d'interpréter tous les styles (sahraoui, chaoui, sétifien, kabyle, bedoui, oranais, el hawzi), Nora a, en 1965, sorti son premier album en Français qui comptait des textes écrits par des poètes française et algériens de renom à l'image de Michel Berger et aussi de son mari. Paris dans mon sac et Une vie avaient de quoi attirer des fans dont une artiste française… Juliette Gréco. Sous la houlette de compositeurs de talent à l'image de Mahboub Bati, Lahbib Hachlaf, Missoum, Mohamed Djamoussi, Ahmed Ouahbi, Blaoui El-Houari, Ababsa et tant d'autres encore, notre diva a totalisé plus de 600 chansons interprétées avant que son parcours ne soit interrompu par la maladie. Depuis ses débuts dans la chanson, la diva a toujours été primée. Elle reçoit en 1970, le disque d'or Pathé Marconi au même titre que Slimane Azem. Une année plus tard, elle sera primée par la Palme d'or lors du festival de la chanson marocaine au Maroc avant de recevoir en 1974, le trophée culturel des mains de l'ex-président tunisien Habib Bourguiba, suivie de son intronisation de «star» du festival de la chanson populaire à Tripoli (Libye) en 1975. Dernières distinctions, Nora sera honorée en 2003 par Khalida Toumi, ministre de la Culture puis par la télévision algérienne en 2006. Pour rappel, la journée de l'artiste a vu la présence d'artistes de Tipaza, de poètes, d'artistes peintres, de sculpteurs…