Il y a vingt ans, Marco van Basten, l'actuel sélectionneur des Pays-Bas, marquait un but extraordinaire au grand gardien de l'ex-URSS (la Russie aujourd'hui) Dassaev signant ainsi la victoire (2 à 0), la seule d'ailleurs, de son pays dans une compétition majeure. Dans quelques jours, c'est-à-dire au lendemain de la finale de l'Euro- 2008, le grand Marco laissera sa place à son successeur, l'actuel entraîneur de Feyenoord Bert van Marwijk, mais avant de tirer sa révérence et aller rejoindre le banc de l'Ajax Amsterdam, il voudrait bien renouveler l'exploit avec son Oranje mécanique qui a atomisé hier l'Italie, championne du monde en titre (3 à 0). En effet, dans ce groupe C, désigné par les spécialistes comme celui de la «mort», cet Italie - Pays-Bas a été peut-être le meilleur match jusqu'à présent de ce rendez-vous européen depuis le début de la compétition, une copie contraire de ce qu'a été, quelques heures auparavant au Letzigrund de Zurich le match France - Roumanie. Insipide, lent, bloqué, fut ce premier match des Bleus face à des Roumains heureux de jouer le match nul évoquant même la chaleur pour justifier la piètre prestation des deux équipes alors qu'il faisait 23°C à Zurich ! A mettre aux oubliettes, surtout que le soir même l'autre match de ce groupe a été une belle fresque. Il y a eu d'abord ce début de match rapide et ouvert des deux côtés, mais surtout ce grand geste de sportivité de Van Nistelrooy qui ne s'est pas laissé tomber dans la surface suite à une sortie «frottante» devant le gardien Buffon peu après le premier quart d'heure. Puis vint la première action litigieuse de cet Euro-2008. Ce but de Van Nistelrooy que tout le monde croyait en position de hors jeu, mais validé par la commission d'arbitrage de l'Uefa. Du coup, le grand débat sur l'arbitrage et l'utilisation de la vidéo à ce niveau de la compétition revient avec fracas, d'autant que l'image de l'arbitrage international a été sérieusement chahutée lors du dernier Mondial- 2006. Outre les consignes de sévérité contre les actes d'anti-jeu données aux arbitres et la nouveauté de siffler l'arrêt d'un match en cas d'incidents racistes dans les tribunes, l'utilisation de la vidéo demeure confinée à la seule commission de discipline pour juger a posteriori certains actes. Pis encore, la vidéo, toujours bannie, laisse passer les images de répétition après chaque but sur l'écran géant alors que les officiels de chaque stade sont censés censurer toute action sujette à polémique. C'est la grande «tchekchouka» côté Uefa, il n'y a rien à dire. Le plus important dans cet Euro, c'est le bon état d'esprit qui anime les acteurs jusqu'à maintenant à l'image des aveux du sélectionneur de la Squadra Azzura, Roberto Donadoni, qui, tout en dénonçant la faute arbitrale sur le premier but encaissé par son équipe (la plus vieillissante du tournoi avec 30 ans de moyenne d'âge), reconnaissait que sa défense a été coupable de grosses fautes d'inattention ! Une catastrophe pour une Italie connue pour ses qualités défensives, mais que son statut de favori déstabilise d'entrée apparemment. Cependant, n'oublions pas qu'il y avait un adversaire devant et ce dernier s'appelait Pays-Bas. Des Oranje magnifiques qui, après avoir forcé leur entraîneur de changer de système de jeu (passant du légendaire 4-3-3 à un plan en 4-2-3-1 avec trois milieux libres derrière la pointe Van Nistelrooy), ont fait étalage de leur art du contre et du jeu collectif. Marco n'est pas du genre buté puisque ce changement de système avait déjà porté ses fruits en matchs de préparation contre la Croatie (3 à 0) et l'Autriche (4 à 3) et le voilà récompensé avec cette entrée en matière détonante qui met déjà les autres équipes sous pression. Vingt ans après avoir mené ses troupes sur le terrain vers le seul titre international des Néerlandais, Van Basten ambitionne de remettre ça avec une équipe tout en équilibre entre des jeunes (qui auraient pu prendre le chemin des JO de Pékin, car ayant moins de 23 ans) et des «vieux» sur le chemin de la retraite. Il faut croire que l'Oranje est mis.