Une équipe qui commence sérieusement à faire peur. Les Pays-Bas, qui ont balayé successivement l'Italie (3-0) le 9 juin et la France (4-1) vendredi, ont inscrit cinq de leurs sept buts sur des contre-attaques lors des deux premiers matchs de l'Euro-2008 (Gr.C). L'équipe néerlandaise, qui incarne une certaine idée du football, basée sur l'offensive à tout-va, est, en fait, surtout un bloc défensif solide qui mise sur la vitesse de ses attaquants. Explications: -Scénario La trame du match fut la même face aux Bleus et aux Azzurri. Les Oranje ont marqué les premiers et assez tôt dans le match. Leurs adversaires sont alors obligés de prendre des risques pour revenir au score, ouvrant des espaces pour les Néerlandais. «Nous avons des joueurs intelligents au milieu du terrain. Ils comprennent très vite comment profiter des espaces», souligne le sélectionneur Marco van Basten. -Solidarité défensive «Je dois remercier ma défense. Dans mon schéma de jeu, tout part de la défense. On ne peut pas attaquer sans une solide arrière-garde», a dit ‘San Marco'. A défaut de posséder des stars dans ce secteur du jeu, les Néerlandais misent sur une solidarité sans faille. Vendredi, même l'attaquant de pointe, Ruud van Nistelrooy, a accompli sa part de travail. En cas de perte de balle, un bloc de six joueurs fait barrage devant le but tandis que les quatre autres joueurs de champ chassent le ballon. Et quand des failles apparaissaient dans la ligne arrière, le gardien de but Edwin van der Sar veille au grain. A 37 ans, «Papy Sar» tient la forme de sa vie. Ses relances au pied sont souvent très précises. -Génie Avec Wesley Sneijder et Rafael Van der Vaart, Marco van Basten dispose de deux milieux de terrain bourrés de classe qui, en une seule passe, peuvent placer un attaquant sur orbite. Ce fut plus flagrant face à l'Italie: des transversales de 40 ou 50 mètres peuvent faire passer la ballon d'un but à l'autre en quelques secondes seulement. La vista de ces deux joueurs tient du génie. Et, vendredi, Van Nistelrooy s'est mis au diapason en réussissant quelques gestes techniques qui ont mystifié la défense française, comme sur le 3e but. -Vitesse L'entrée en jeu d'Arjen Robben a causé de gros soucis à la défense française. Le roi de la contre-attaque, c'est lui. Beaucoup plus rapide que son opposant, Willy Sagnol, le joueur du Real Madrid a offert un but à Robin van Persie et en a marqué lui-même un autre après des déboulés exceptionnels sur son flanc gauche. Et dire que Robben, blessé aux adducteurs dimanche dernier, n'aurait pas dû jouer cette rencontre! «Mais les docteurs ont fait des miracles», a dit Van Basten. A la fin du match, Robben, dont la saison a été perturbée par sept blessures, est tombé dans les bras de ses médecins et a fondu en larmes. -Fraîcheur Le «problème de luxe» de Marco van Basten en attaque n'en est pas un. L'abondance d'attaquants de classe internationale permet au sélectionneur d'utiliser des hommes frais. Un atout dans un jeu basé sur la vitesse des contre-attaques. Les entrées en jeu de Robben (46e) et Van Persie (55e à la place de Kuyt) ont dynamisé l'attaque néerlandaise face à une défense française qui a terminé sur les genoux, à l'image de Thuram (142 sélections), mystifié comme un débutant par Robben sur le 3e but.