Alternative n Le recours aux eaux usées épurées pour couvrir les besoins des secteurs de l'agriculture et de l'industrie s'impose aujourd'hui devant la raréfaction des ressources hydriques. L'Algérie est un pays semi-aride et les changements climatiques risquent de diminuer le volume des précipitations déjà relativement maigre. Autrement dit, les ressources hydriques se font de plus en plus rares, notamment ce qui est appelé, dans le jargon des spécialistes, «les ressources conventionnelles». Une situation appelée à se compliquer davantage du fait du développement économique et des énormes besoins qui en découleront pour l'industrie et l'agriculture. Les ressources étant donc faibles, irrégulières et localisées en grande partie dans la bande côtière, les autorités en charge du dossier se doivent de penser à l'alternative. A ce propos, l'idée du recours aux «ressources non conventionnelles», dont l'eau de mer dessalée et les eaux usées épurées, se fraie petit à petit un chemin. Des spécialistes s'accordent aujourd'hui à estimer le volume national de rejet à 750 millions de m3 par an, soit «l'équivalent de 10 barrages» à récupérer, selon le directeur de l'assainissement et de la protection de l'environnement (Dape) au niveau du ministère des Ressources en eaux (MRE), Ahcène Aït Amara. Ce chiffre atteindrait les 1 150 millions de m3 à l'horizon 2020, selon des études. Sur ce volume considérable, l'Etat s'est fixé, selon le même responsable, l'objectif de récupérer, voire dépasser le volume de 660 millions m3/an d'eau épurée à l'horizon 2010 et qui sera destinée au secteur de l'agriculture qui connaît un déficit énorme en matière d'irrigation. Une expérience qui a déjà fait ses preuves de par le monde, notamment dans les pays qui, à l'instar de l'Algérie, connaissent un déficit en ressources hydriques. Cette option a été réaffirmée à maintes reprises par les hautes autorités du pays. «Le recours aux eaux non conventionnelles est un choix stratégique pour l'Algérie (…). La réalisation de 60 stations d'épuration permettra la réutilisation de 900 millions de m3 d'eau par an dans l'agriculture», affirmait, en effet, le président de la République dans un message à l'occasion de la célébration de la journée mondiale de l'eau, le 22 mars 2007. Disponibles en permanence toute l'année et sans risque d'interruption, les eaux usées constituent un atout inestimable qui peut permettre, selon les spécialistes des domaines agricole et hydraulique, d'alléger la pression sur l'eau potable et donner une plus grande flexibilité en matière de la gestion de l'eau. Les bienfaits de la récupération et de l'épuration pour l'environnement ne sont pas des moindres, sachant que les eaux usées acheminées sans traitement, via les réseaux d'égouttage vers les oueds puis la mer, polluent indéniablement la faune et la flore. Pis, elles constituent une menace même pour les nappes aquifères dans lesquelles l'homme puise la plus grande partie de son eau potable. La technique en elle-même est très ancienne et a, de tout temps, été utilisée par l'homme qui s'est toujours servi de la terre comme outil de base. Le sol est, en effet, un filtre efficace qui donne de 1 à 2 tonnes de micro-organismes «épurateurs» par hectare, selon des spécialistes.