Quels sont les impacts potentiels du changement climatique sur l'agriculture du Maghreb et quelles stratégies d'adaptation sont envisageables? des spécialistes se sont penchés sur la question. L'agriculture du Maghreb comporte des paysages extrêmement diversifiés mais qui ont pour caractéristiques communes d'être, à des degrés divers, limités par les ressources hydriques, et démarque de grandes fluctuations en fonction de la variabilité climatique. Les prospectives fondées sur le changement climatique font ainsi peser des risques importants sur les systèmes agricoles. Le modèle MAGICC (Hulme et al, 2000), centré sur cette région, estime en effet un réchauffement de l'ordre de 1°C entre 2000 et 2020 et une perturbation des régimes pluviométriques avec une tendance à la baisse, de l'ordre de 5 à 10 %. A plus long terme, la température pourrait augmenter de 3°C d'ici 2050 et dépasser les 5°C en 2100, alors que les précipitations diminueraient de 10 à 30 % d'ici 2050 et de 20 à de 50 % en 2100. Des changements dans les moyennes, mêmes faibles, impliquent une augmentation de la fréquence des extrêmes climatiques (Katz et Brown, 1992). L'analyse faite par des spécialistes portera plus spécifiquement sur les cas de l'Algérie et du Maroc. Au Maghreb, les ressources hydriques sont vulnérables aux variations du climat. L'eau et sa gestion sont des problèmes déjà présents conditionnant l'avenir de cette région, indépendamment de tout changement climatique. La forte sensibilité des bassins hydrologiques à de faibles écarts des variables climatiques implique que le volume d'eau mobilisable sera fortement touché par la diminution du ruissellement (Agoumi et al, 1999 ; PNUD-FEM, 1998). Au regard des estimations des besoins sectoriels, le changement climatique pourrait ainsi placer ces pays dans des situations inconfortables puisque le volume maximal mobilisable serait à la limite des besoins, voire déficitaire en Algérie d'ici 2020.Si l'augmentation de la teneur en CO2de l'atmosphère peut augmenter les rendements de certaines cultures, dans le bassin méditerranéen et plus particulièrement en Afrique du Nord, cet effet doit être contrecarré par le risque de diminution des disponibilités en eau et par l'accentuation d'une dynamique déjà engagée d'accroissement des déficits hydriques Le processus de changement climatique se traduira, selon les spécialistes , par un déplacement vers le nord des étages bioclimatiques méditerranéens, conduisant en Afrique du Nord à une remontée des zones arides et désertiques .Les modèles prévoient une baisse des rendements agricoles au Maghreb .L'augmentation des températures, la diminution des précipitations et l'augmentation de leur variabilité implique en effet un décalage et une réduction des périodes de croissance, ainsi qu'une accélération de la dégradation des sols et de la perte de terres productives. Les études de vulnérabilité montrent que le changement climatique pourrait finalement miner les efforts de promotion d'un développement durable en exacerbant des risques existants de désertification, de pression sur les ressources hydriques et d'une production agricole en difficulté. En ce sens, le changement climatique va fortement intensifier et accélérer des problèmes existants plus qu'il ne va en créer de nouveaux L'utilisation de l'eau saumâtre par l'industrie ainsi que la récupération des eaux usées pour l'agriculture et l'industrie permettrait de dégager des ressources importantes pour l'irrigation. Les eaux usées après traitement économiseraient 0,9 et 0,5 milliards de m3/an en Algérie et au Maroc. Cette option serait cependant limitée par les délais et les coûts de construction ou de relance des stations d'épuration. Une gestion intégrée des bassins versants améliorerait la mobilisation des eaux de pluie et la protection des ressources contre la pollution et permettrait des transferts interrégionaux entre les bassins vers les périmètres à irriguer. Au-delà de la mobilisation de nouvelles ressources,l'utilisation efficace et raisonnée de l'eau sera probablement le principal " gisement " d'eau qu'il sera possible de dégager pour les besoins de l'agriculture. Dalila B.