M. Abdelmalek Sellal, ministre des Ressources en eau, et Rachid Benaïssa, ministre de l'Agriculture et du Développement rural, ont procédé hier, à Tlemcen, à la maison du parc de Lalla-Setti, à l'inauguration d'une journée technique sur la réutilisation des eaux usées épurées pour l'irrigation des superficies agricoles. Il a été question, principalement, au cours de ce regroupement des techniques à mettre en œuvre pour la réutilisation des eaux usées épurées en faveur du secteur de l'agriculture. Auparavant, les deux ministres avaient procédé à la mise en service du périmètre irrigué de Hennaya situé à 10 km du chef-lieu de wilaya et qui s'étend sur une superficie de 912 hectares. Ce périmètre est irrigué pour la première fois par les eaux usées épurées provenant de la station d'Aïn El-Houtz toute proche. Il s'agit, selon les agriculteurs interrogés sur place par le ministre de l'Agriculture, d'une eau de bonne qualité. Les fellahs, qui semblent conscients de la mission dont ils sont investis, ont été vivement intéressés par cette formule puisque déjà 50% d'entre eux ont adhéré à la démarche de souscription en signant un cahier des charges financé avec le soutien de l'Etat et 40% des superficies sont orientés vers l'arboriculture qui est la culture traditionnelle de la plaine de Hennaya, réputée pour ses agrumes dont une bonne partie est exportée. M. Sellal a encouragé les fellahs à opter pour les cultures à haute rentabilité, maintenant, a-t-il dit, que l'eau est présente et disponible totalement et selon les besoins exprimés par les bénéficiaires, précisant qu'elle doit cependant être utilisée à titre optimale et de manière efficiente avec comme perspective la possibilité d'augmenter les capacités du périmètre. L'étape suivante a conduit la délégation à la station d'épuration des eaux usées de Aïn El-Houtz, réalisée en 33 mois par la société Hydro Traitement, et qui assure le traitement intégral des eaux usées, avec pour consignes de respecter l'environnement, notamment le barrage Sekkak. Les deux ministres ont beaucoup insisté auprès des opérateurs sur la nécessité de veiller à l'entretien permanent de la station en question afin qu'elle ne tombe pas en panne pour ne pas perturber, même momentanément, l'approvisionnement en eau du périmètre de Hennaya. Sellal : “Priorité aux entreprises algériennes” Lors de cette visite, M. Sellal a levé le voile sur un projet commun des deux ministères. En effet, Abdelmalek Sellal a fait part de la décision du gouvernement d'attribuer les futurs marchés en privilégiant les entreprises nationales. “Le gouvernement est en train d'étudier la meilleure manière d'accorder plus d'avantages aux entreprises algériennes”, dira-t-il. Cette décision du gouvernement concerne tous les secteurs, pas seulement les ressources en eau. “Nous envisageons de réaliser quatre barrages au niveau des Hauts-Plateaux. Il s'agit entre autres de Béni Slimane, M'sila et Laghouat. Trois barrages sont confiés à des entreprises algériennes”, ajoutera-t-il. Néanmoins, ce qu'il faut retenir, c'est que ces quatre barrages seront exclusivement destinés au secteur agricole. “Actuellement, il existe des barrages dont bénéficie l'agriculture, mais nous n'allons pas en rester là, puisque on mettra d'autres moyens jusqu'à réaliser de nouveaux barrages spécialement pour l'irrigation”, a-t-il révélé. Et d'ajouter : “Aujourd'hui, 65% des ressources hydriques sont destinées à l'irrigation, mais cela demeure insuffisant. Chose qui nous pousse à investir dans les eaux non conventionnelles et les eaux usées épurées”, a-t-il indiqué. Il faut savoir que le volume des eaux usées à l'échelle nationale est estimé actuellement à près de 750 millions de m3/an et dépasserait 1,5 milliard de m3/an à l'horizon 2020. Ce programme ambitieux en matière de réalisation d'installations d'épuration est engagé par le ministère des Ressources en eau. Le recours aux eaux non conventionnelles demeure donc une nécessité devant la rareté des ressources hydriques et la croissance des besoins urbains et industriels. De ce fait, l'utilisation des eaux usées épurées en agriculture constituerait un facteur de développement au niveau national pour la mise en valeur des terres. Tout en soutenant cette nouvelle politique au service de l'agriculture, le ministre reconnaît un déficit hydrique de l'Algérie avec 400 m3/an par habitant. “Il ne faut jamais oublier que l'Algérie est un pays semi-aride. Il est classé dans la catégorie de stress hydrique par la Banque mondiale”. C'est pour cela que nous avons décidé, il y a quelques années, de mettre en place une nouvelle stratégie, à savoir récupérer toute l'eau là où elle se trouve. Avec les 19 barrages programmés pour 2014, la réserve sera de 9 milliards de m3”, a-t-il conclu.