Le chiffre de 3 183 séropositifs annoncé, hier, par le ministère de la Santé, serait loin de refléter la réalité de la propagation de la maladie dans notre pays. Le véritable nombre de sidéens et de porteurs du virus ne sera pas connu avec exactitude tant que le dépistage n'est pas systématique. Ces chiffres ont été communiqués, hier soir, par Mohamed Ouahdi, directeur de la prévention au ministère de la Santé, lors d'une conférence de presse consacrée à l'annonce de trois journées de sensibilisation «plaidoyer pour la lutte contre le sida», qui se tiendront à partir d'aujourd'hui à la Bibliothèque nationale d'El-Hamma. Le nombre de séropositifs serait, selon le conférencier, inférieur à la réalité en raison du fait que «le dépistage n'est pas systématique». Le problème est que le dépistage n'est pas obligatoire, a-t-il noté, appelant à lutter contre cette «culture du tabou et du rejet qui facilite la prolifération de la maladie». Pour sa part, le Pr Dif de l'hôpital d'El-Kettar, président du comité national de lutte contre le sida, a estimé que les Algériens sont mal informés sur cette maladie, appelant les spécialistes à expliquer «clairement» les différents modes de transmission, notamment la voie sexuelle. Les jeunes s'adonnent de plus en plus aux drogues en utilisant des injections, ce qui augmente le risque de transmission du VIH. Il faut ajouter à cela une consommation de plus en plus importante d'alcool et de psychotropes. Dans les centres pénitentiaires (les prisons), le risque de transmission est énorme. Les prostituées sont, certes, une population à risque à cause des rapports sexuels souvent non protégés qu'elles exercent, mais d'innombrables femmes sont tranquilles chez elles, et c'est le virus qui atterrit dans le lit conjugal, via un mari qui a eu des rapports extraconjugaux non protégés. Ce sont là les différentes explications du professeur Dif qui a insisté sur l'urgence de «casser la chaîne de transmission» en intensifiant des campagnes de sensibilisation pendant toute l'année. Le conférencier souhaite que les pouvoirs publics ainsi que la société civile jouent amplement leur rôle dans la sensibilisation des citoyens à la nécessité de se faire dépister, car cela permettra à ceux atteints du virus de faire un diagnostic précoce et de se traiter dès l'apparition de la maladie. Cela permettra de mener une vie plus ou moins ordinaire en suivant un traitement régulier. «Il faut apprendre à ces gens à accepter la maladie d'une part et d'arrêter à stigmatiser les sidéens d'autre part», clame-t-il. Par ailleurs, ce plaidoyer, dont le thème est «la lutte contre le sida est l'affaire de tous», vise, selon ses organisateurs, le renforcement des moyens de lutte et de prévention contre cette maladie dangereuse. Lors de ce plaidoyer, auquel prendront part des ministères et des associations partenaires de la lutte contre le sida ainsi que des personnalités, des tables rondes sur la jeunesse et le sida, des communications scientifiques sur le sida, des concours de caricatures et de dessins, des expositions d'affiches, des dépliants et d'autres supports d'information et un gala de clôture animé par un chanteur engagé dans la lutte contre le sida seront organisés.