Dénonciation n «L'argument de la main étrangère est un élément de facilité. C'est un mépris pour la population algérienne.» C'est ce qu'a déclaré Hocine Zehouane, président de la Ligue algérienne de défense des droits de l'homme (Laddh), lors d'une conférence de presse animée hier au siège de la Laddh. Il a appelé ensuite à «une libération immédiate et sans condition des jeunes emprisonnés à l'occasion de ce processus émeutier». 87 personnes, selon M. Zehouane, sont toujours en détention à Chlef et 103 autres sont poursuivies. «Leur détention est arbitraire et illégale», a-t-il soutenu. M. Zehouane ainsi que trois membres de la Laddh ont animé, hier, une conférence de presse pour présenter un compte rendu de la mission qu'ils ont effectuée récemment dans l'ouest du pays et intitulée «caravane de l'Ouest». Selon M. Bachir, membre de la Ligue, durant ce périple, les membres de la caravane ont rencontré des observateurs et témoins directs de ces événements, se sont entretenus avec les membres des familles des jeunes arrêtés et emprisonnés. Selon M. Bachir, au terme de cette mission dense, mais malheureusement limitée dans l'espace et dans le temps, «il convient de livrer à l'opinion des observations sur l'effectivité des événements et les conclusions à en tirer en tant que phénomène global qui agite notre société». Toujours selon l'intervenant «d'ores et déjà, les membres de la caravane récusent l'argument qui impute ces explosions à l'œuvre de manipulations étrangères et appellent les esprits éclairés à prendre la mesure du malaise social qui agite notre société». De son côté, Me Nacéra, de la commission de lutte contre la ségrégation envers les femmes, a révélé que des femmes dans plusieurs régions qui ont connu des émeutes se sont associées aux émeutiers. «Elles aussi demandent du travail, réclament la justice et sont doublement peinées, car ce sont leurs enfants qui sont emprisonnés». Cette dernière a dit que «certains incarcérés ont été torturés ou ont subi des violences». Me Zehouane est, en outre, revenu sur le phénomène suicidaire qui prend des proportions alarmantes en Algérie et qui est, selon lui, un précédent historique dans l'histoire socioculturelle de notre pays. «L'Algérien n'a aucune perspective, aucun espoir. Les jeunes sont victimes de la drogue, de la hogra et de… l'émeute. Nous sommes condamnés à assumer cela, à le reconnaître et à trouver des solutions», a-t-il soutenu. L'infatigable activiste de défense des droits de l'homme en Algérie a voulu conclure en disant : «Ce n'est pas du tout politique, ça émane du plus profond d'une société qui a le mal de vivre.»