Lors d'une conférence de presse animée, hier, en prévision de son deuxième congrès qui s'ouvre aujourd'hui à Boumerdès, Ali Yahia Abdenour estime que la charte de Bouteflika favorise l'impunité et l'irresponsabilité. Le deuxième congrès de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'Homme (LADDH) se tiendra demain, à l'hôtel Soummam de Boumerdès, sous le slogan “Les droits de la personne humaine pour la liberté et la dignité”. 250 délégués de 25 wilayas du pays sont attendus à cette rencontre, ainsi que des invités nationaux et étrangers, à l'exemple des familles des victimes du terrorisme et des disparus, des syndicats, de la Fédération internationale des ligues des droits de l'Homme, dont la LADDH est partie prenante, d'Amnesty International, de Human Rights Watch et des organisations marocaines des droits de l'Homme. Lors d'une conférence de presse animée hier à Alger au siège de la ligue, les responsables de cette organisation ont tenu à préciser qu'ils ambitionnent d'apporter leur contribution à l'effort international et donc de “lutter pour la refondation des droits de l'Homme” en Algérie et à l'échelle universelle. “Notre ligue est comme une mère de famille (…), et notre objectif est le respect de la personne humaine, quelle qu'elle soit”, a déclaré Me Yahia Abdenour, rappelant qu'il a eu à défendre “les communistes, les berbéristes et les islamistes”, mais également “El-Hachemi Chérif et Saïd Sadi”. Selon le numéro un de la LADDH, celle-ci se présente comme “un contre-pouvoir sur le plan des libertés” à l'Etat algérien, qualifié d'Etat “antidémocratique”. Tout en qualifiant Rezzag Bara et Farouk Ksentini de “fonctionnaires” de l'Etat, Me Ali Yahia Abdenour a révélé : “Pour nous, la raison d'Etat, c'est le moment où l'Etat déraisonne.” S'agissant du rapport de force mondial, Hocine Zehouane, membre du bureau national, a, quant à lui, estimé inacceptable que le Conseil de sécurité des Nations unies “soit dominé par des pays qui représentent le septième de la planète”. “Il y a un travail de réflexion, des propositions et un travail de contestation à faire à l'échelle internationale et auprès des gouvernements, l'objectif est de refonder le standard universel”, a-t-il indiqué. D'autres membres de la ligue sont intervenus pour insister sur la nécessité, pour les Etats arabes, de faire la “différenciation entre le peuple qui lutte et le terrorisme”, non sans déplorer l'inexistence d'une fédération arabe des organisations des droits de l'Homme, “c'est-à-dire une fédération indépendante”. Interpellé sur le projet de charte amnistiante, Me Abdenour s'est écrié : “La charte disculpe les terroristes et élude la responsabilité des militaires… C'est une humiliation pour le peuple algérien, car cela veut dire qu'on lui dit de ne pas écouter un son de cloche différent de celui du pouvoir.” L'avocat a condamné fermement les interpellations et arrestations des militants du Mouvement démocratique et social (MDS), en apportant les deux précisions suivantes : “Ceux qui votent non ou qui boycottent le référendum du 29 septembre ne sont pas contre la paix” et “à ceux qui défendent l'idée du pardon pour la paix, nous disons : la paix pour la justice.” Il a plaidé “d'abord pour la vérité” et noté, plus loin, que si la charte est votée telle quelle, “elle changera la Constitution”. “Le président de la République sera autorisé à légiférer par décret sur les libertés des individus, alors qu'elles dépendent du pouvoir législatif”, a-t-il expliqué. “Comment sera alors l'après-référendum ? On reviendra aux années 80, comme lorsqu'on nous a condamnés à des années de prison… L'Algérie vit une dictature. Nous n'accepterons pas cela”, a affirmé le président de la LADDH. D'autres points ont été abordés avec les journalistes présents tels que, notamment la question des disparitions, durant la décennie passée. “Sur le problème des disparus, nous disons que le recensement de notre ligue ne concerne pas les gens enlevés par les islamistes et les groupes terroristes”, a averti Hocine Zehouane, appuyé par Ali Yahia Abdenour. “Nous condamnons les enlèvements commis par les services de sécurité ”, a relevé ce dernier. H. Ameyar