Griefs n La politique nationale relative à l'application des marges bénéficiaires de la production locale (de 20 à 25%) a été récemment décriée par le Conseil national de l'Ordre des pharmaciens. Le Cnop voit en cette politique une menace potentielle qui risque, non pas d'atténuer mais, au contraire, d'«exacerber les problèmes de disponibilité (des médicaments)». Selon le vice-président du Cnop, le Dr Lotfi Benbahmed, l'Algérie «est l'un des seuls pays au monde à réglementer la marge à la production». «Il s'agit d'une mesure contraire à une logique d'encouragement de l'investissement national», estime M. Benbahmed, également président du Conseil de l'ordre des pharmaciens d'Alger. Il rappelle plus loin qu'«à l'époque du monopole d'Etat, les problèmes de gestion se situaient au niveau de la distribution et non de l'importation». Preuve en est, selon lui, l'abondance de médicaments périmés chaque année. En guise de solution, le Dr Benbahmed préconise de ramener le taux des marges à 10%, car, dit-il, «il est essentiel d'individualiser la marge du grossiste répartiteur et de la réévaluer à un seuil normalisé (10%), à l'image des autres pays». En revanche, dans le cas contraire, «ce segment sera cannibalisé par les grands laboratoires et multinationales spécialisées qui pourront se permettre de travailler avec des marges négatives en Algérie, tout en s'assurant des marges ‘'arrières'' confortables à l'étranger», ajoute-t-il. Pour ce spécialiste, le constat est malheureusement implacable : «Ne contrôlant plus ce secteur stratégique, il sera, dès lors, difficile aux autorités d'imprimer une politique nationale du médicament.» «Aujourd'hui, souligne M. Benbahmed, les grossistes répartiteurs représentent 400 sociétés agréées et près de 15 000 emplois.» Le président de l'Ordre des pharmaciens d'Alger fait observer que les paliers supérieurs à 400 DA ne prennent pas en considération le produit stratégique peu ou pas «génériqué» en Algérie et «dont le niveau de rémunération déficitaire, selon lui, aurait pour effet néfaste de créer un désengagement du circuit de distribution pour cette catégorie de produits avec un impact immédiat sur sa disponibilité». Pour le pharmacien, il est clair qu'il ne peut y avoir de mise en œuvre d'une telle réforme à condition, toutefois, qu'on y associe un certain nombre de paramètres que sont l'intérêt du patient, le coût et l'impact social et enfin la rentabilité des différents intervenants professionnels. Cela, en sus d'accompagner cette mise en œuvre par un travail d'information de grande envergure à laquelle seront associés tous les partenaires institutionnels (Ordre des pharmaciens, syndicats, associations professionnelles…). En guise de conclusion, M. Benbahmed affirme que «la réforme des marges et la politique de remboursement sur la base de tarifs référentiels semblent indissociables et il est impérieux de mener ces deux actions d'envergure, de front, en effectuant leur mise en œuvre d'une façon concomitante et complémentaire».