L'ouverture du marché de la distribution a permis la création de 700 entreprises pharmaceutiques. La production et la distribution pharmaceutiques en Algérie ont été au centre des débats de la rencontre des pharmaciens tenue jeudi à Oran. La production nationale pourrait constituer une alternative majeure pour une meilleure disponibilité du produit pharmaceutique national. Mais, cette jeune industrie est, selon le Dr Lotfi Ben Ahmed, président de l'Ordre des pharmaciens d'Alger, soumise à des problématiques liées à la maitrise du processus de fabrication et l'absence de savoir-faire en matière de développement pharmaceutique. A cela s'ajoutent un environnement économique contraignant et un manque de stratégie industrielle intégrée. L'ouverture du marché de la distribution, à travers la démonopolisation de l'importation, a permis la création de près de 700 entreprises pharmaceutiques, couvrant l'ensemble des gammes thérapeutiques. N'empêche que la disponibilité du médicament est tributaire de plusieurs facteurs qui sont d'ordre spéculatif et structurel. Aussi, le développement du secteur qui est peu encadré et insuffisamment règlementé, a été accompagné par l'apparition de phénomènes préjudiciables à la disponibilité continue des produits pharmaceutiques. Selon l'Ordre des pharmaciens, la marginalisation du secteur par les pouvoirs publics, notamment à travers un nouveau dispositif de marges inadaptées, risque d'exacerber la problématique de disponibilité. La distribution constitue un vecteur essentiel d'une politique de soins pharmaceutiques et un élément important du développement de la production locale. Elle est le maillon indispensable et final dans la chaîne de mise à disposition du médicament aux populations. Près de 7000 pharmacies assurent la couverture pharmaceutique sur l'ensemble du pays. Mais, le non-respect de la loi sur la répartition géographique dans certains centres urbains entraîne une précarité économique et financière préjudiciable à la disponibilité de l'ensemble des médicaments au sein de l'officine, a relevé le président de l'Ordre des pharmaciens d'Alger. Les phénomènes de rupture et les pratiques spéculatives ont une incidence directe sur la qualité de la gestion des stocks des pharmaciens, d'une part. D'autre part, la politique des marges bénéficiaires (projet de décret 2008) a été posée et débattue avec acuité. L'Algérie est l'un des seuls pays au monde à réglementer la marge à la production. Selon M.Ben Ahmed, cette mesure est contraire à la logique d'encouragement de l'investissement national. Le gel de la marge au conditionnement à 10% oblige de nombreux établissements de conditionnement à évoluer vers une fabrication en full-process, c'est-à-dire à aller vers une véritable industrie du médicament et non seulement le conditionnement. Les pharmaciens réunis jeudi ont fait par de leurs principales préoccupations, notamment leur relation avec la sécurité sociale. La profession, qui est de plus en plus en extension, semble se heurter à un certain nombre de problèmes se répercutant négativement sur le rendement des pharmaciens, à commencer par l'insuffisance d'information et de concertation, les changements fréquents des modalités d'application de la convention sans diffusion générale aux pharmaciens. L'absence de la commission paritaire pharmacien-sécurité sociale pour le règlement des litiges, rejets fréquents du centre payeur de dossiers déposés par le pharmacien pour non-conformité, pour absence du cachet de l'établissement ou de la griffe du médecin, perte de vignettes, problèmes informatiques, incompétence des agents de la Cnas, perte des droits des assurés non communiquée au pharmacien, sont autant de litiges auxquels font face les pharmaciens.