Réveil n C'est toute la splendide corniche qui ne vit qu'au rythme de la belle saison, sortant l'antique Igilgili de sa légendaire somnolence. Plusieurs millions d'estivants sont attendus durant ces deux mois de vacances pour tous mais, déjà, la circulation piétonne et automobile au chef-lieu de wilaya s'est densifiée et certains quartiers névralgiques de la ville ne manquent pas de bouchonner à tout moment. Les principaux axes routiers longeant le littoral sont, eux aussi, pris d'assaut sous un soleil de plomb dardant à qui mieux mieux. Sur les plages, d'est en ouest, les parasols et autres attirails de circonstance renseignent sur l'afflux des baigneurs sur différentes portions du littoral. La population a plus que doublé et les quelques établissements hôteliers existants commencent à afficher le sempiternel «complet» et autres structures d'accueil ne suffisent pas à répondre à une demande croissante. Jijel, qui sort soudain de sa léthargie, a aussi découvert un nouveau commerce, celui de la location au prix fort d'appartements meublés ou des étages de villas. Cette activité qui s'est révélée juteuse, ces dernières années, fait se frotter les mains à bon nombre de logeurs occasionnels et autres «marchands de sommeil». Les autres commerces et négoces (restaurants, magasins d'alimentation, marché central) sont l'autre signe révélateur d'une activité qui veut progresser dans le temps et dans l'espace. Mais cette ville côtière, redevenue un havre de paix, voit, elle aussi, ses trottoirs et ses espaces piétonniers squattés par le commerce informel. A Jijel-ville, c'est sans conteste le commerce de la restauration qui marche le mieux. Pour preuve, les gargotes, restaurants, grill-rooms, cafétérias et autres pizzerias ne désemplissent pas. Dans le centre de la ville, une ruelle réputée pour ses «brochettiers» alignés en chapelet et donnant à humer à plein nez les exhalaisons de viande grillée, renseigne bien sur l'aspect florissant de ce commerce. Même si, ici, les commerçants, pour ne pas divulguer leur chiffre d'affaires et éloigner ainsi le «mauvais œil», jurent à qui veut bien les entendre que «la saison passée était meilleure que celle en cours», une rengaine qui revient chaque été. Bonne nouvelle pour les routiers en vacances : ils ne seront plus trop gênés dans leurs déplacements sur la RN 43 entre Jijel et Béjaïa, grâce à des travaux d'aménagement qui ont rendu cet axe plus fluide et permettant même de rallier la ville de Jijel à la commune touristique de Ziama Mansouriah (ouest) en un temps acceptable. «Lorsque le tourisme ira, tout ira !», résume un visiteur bien péremptoire car ébloui par la beauté du site jijelien, un Eden lové entre mer bleue et montagne verdoyante. Et puis, il y a la plage du Casino, au cœur de Jijel même, qui demeure encore et toujours le centre d'intérêt principal des estivants, des jeunes surtout qui viennent par grappes entières faire trempette dans ses eaux bleues. Tout le long de cette promenade très animée, de jour comme de nuit, une cacophonie de chants et de musique diffusée à pleins décibels rappelle à ceux qui l'auraient oublié qu'à Jijel, c'est les vacances.