Préjugés n «La stigmatisation et la discrimination ne sont pas le fruit du hasard : elles découlent de comportements sociaux sous-tendus par la crainte, l'angoisse, la honte, la peur et l'ignorance.» C'est là le constat du Pr Djamel-Eddine Abdenour, président de la commission de lutte contre le sida/vih au Croissant-Rouge algérien (CRA) qui pointe du doigt également «la mauvaise information sur la maladie, la légèreté avec laquelle certains médias véhiculent l'information, les préjugés et la façon dont les sociétés appréhendent la sexualité, les drogues…» Le fait aussi que le sida soit incurable et l'indisponibilité de traitements participent à la stigmatisation des malades, selon le professeur qui affirme que tous ces aspects se résument uniquement à un honteux «voile adopté par les sociétés pour reléguer l'épidémie du sida dans les zones obscures du déni et de la peur rendant, de ce fait, difficile toute prise de conscience salvatrice et toute prévention efficace.» En Algérie, les remarques désobligeantes proférées à l'emporte-pièce à l'encontre des personnes porteuses du virus du sida, appelées aussi séropositives, sont désormais monnaie courante. On ne compte pas les innombrables cas de personnes infectées mises à l'écart ou, mieux, en quarantaine, que ce soit dans les écoles, les lieux de travail, les centres de soins ou bien privées carrément d'emploi et/ou de mariage et enfin rejetées par les leurs. Or, les spécialistes en matière de lutte contre le sida/Vih sont unanimes à exhorter l'opinion publique à faire preuve de retenue, de réalisme et de bon sens, en appelant à une réflexion sérieuse et constructive en vue de poser les jalons d'une lutte, non pas uniquement contre le sida, mais aussi et surtout contre ces «nouvelles épidémies» que sont la discrimination et la stigmatisation. Selon les spécialistes, à terme, c'est-à-dire au fur et à mesure que l'on s'entête à vouloir tout le temps jeter l'anathème sur les séropositifs, c'est toute la société qui risque, malheureusement, de se retrouver dans l'incapacité «de riposter de façon efficace à l'épidémie du fait de la stigmatisation et de la discrimination liées à la maladie». Pour remédier à ces clichés réducteurs, la Croix-Rouge internationale a, en concertation avec le Croissant-Rouge algérien, organisé le 1er décembre 2002 une manifestation dont le but est de «faire prendre conscience» de la nécessité de lutter contre l'«opprobre et la discrimination liées au sida/Vih». «Cette action conjointe de l'Onusida et les sociétés des Croix et Croissants-rouges est une contribution à la défense de la dignité et des conditions d'existence des plus vulnérables», ont plaidé les initiateurs de cette action concertée. Pour eux, l'objectif était clair : «faire évoluer la perception et les comportements vis-à-vis des sujets infectés par le VIH...»