n Comment ont-ils fait pour se rencontrer dans l'univers fermé des ordres religieux qui ne toléraient pas la mixité ? Campagne anglaise au début du XIIIe siècle. On était encore loin de la réforme protestante et les monastères et couvents, étaient, comme dans le reste de l'Europe, nombreux. A Borley, existait un prieuré cistercien, un ordre religieux originaire de France, mais qui avait essaimé dans toute l'Europe. Cet ordre s'inscrivait dans le vaste mouvement de réforme, inaugurée par le pape Grégoire VII, qui voulait ramener le christianisme à ses origines. Les cisterciens, pour s'éloigner de ce qu'ils appelaient «les vanités du monde», construisaient leurs monastères loin des lieux habités. Ils consacraient leur vie à la prière et au travail, ils respectaient la règle de chasteté et les hommes ne s'approchaient jamais des femmes… Mais on a beau chasser, à coup de prières, voire de mortifications, le naturel, il finit par revenir au galop… C'est ainsi qu'un jeune moine cistercien, du prieuré de Borley, est tombé follement amoureux d'une jeune novice, du couvent de Bures, voisin… Comment ont-ils fait pour se rencontrer, dans l'univers fermé des ordres religieux, qui ne toléraient pas la mixité ? L'histoire, ou plutôt la légende, ne le dit pas. Mais voilà que notre jeune moine et notre jeune religieuse qui ont oublié leurs vœux de chasteté, décident de fuir, l'un son monastère et l'autre son couvent. On ne sait pas comment, ils arrivent à s'assurer la complicité d'un cocher, qui vient chercher le moine et le conduit à sa maîtresse. Le cocher devait ensuite les conduire loin de là pour leur permettre de commencer une autre vie… La nuit est bien noire quand le moine fait le mur de son monastère. Le cocher est déjà là et l'attend depuis un moment. — dépêchez-vous, votre maîtresse vous attend ! Paroles sacrilège, car dans la conception de l'Eglise chrétienne, une nonne qui a prononcé ses vœux est considérée comme la fiancée du Christ. Ce n'est pas une femme qui va être détournée, mais c'est la fiancée du Christ, le Seigneur ! — partons, dit le jeune moine… Il monte à l'arrière de la carriole, qui part dans la nuit… On ne sait à quoi pensait le jeune moine, qui venait de provoquer ainsi l'Eglise qui, en ce Moyen Âge, dominait la vie des populations européennes… On peut imaginer qu'il s'est engagé par foi dans la voie monastique et qu'il pensait réellement vivre une vie vouée à la prière et à la charité. Mais alors qu'il ne s'y attendait pas, l'amour est venu frapper à sa porte… Alors, il n'a plus pensé qu'à la frêle jeune fille qui, elle aussi, a prononcé des vœux et décidé de se consacrer à la religion. Elle devait être certainement belle, en tout cas désirable pour un jeune homme qui croyait avoir réduit au silence sa nature. La jeune nonne, non plus, n'a pas réduit au silence ses désirs, puisqu'elle répond favorablement aux sollicitations du jeune homme. Oh, elle a dû être effrayée quand il lui a demandé d'abandonner son couvent et de le suivre. Mais malgré sa peur, malgré peut-être le regret de ne pas honorer ses engagements, elle a pris la décision de suivre le moine. L'amour passe avant tout ! (à suivre...)