Il y a un mois, Mouammar Kadhafi s'est déclaré contre le projet de l'Union pour la Méditerranée. Il a estimé que les projets économiques promis aux pays du sud de la Méditerranée étaient un «appât» et représentaient «une sorte d'humiliation» pour ces pays. «Nous ne sommes ni des affamés ni des chiens pour qu'ils nous jettent des os», avait-il lancé. «Si l'Europe veut coopérer avec nous, qu'elle le fasse avec la Ligue arabe ou l'Union africaine, nous n'acceptons pas que l'Europe traite avec un seul groupe de pays», avait-il ajouté. Kadhafi, pourtant accueilli avec tous les honneurs par Sarkozy en décembre, a de nouveau fustigé mercredi le projet français, le qualifiant d'«effrayant et dangereux». Et épinglé les dirigeants arabes qui y participeront. Le dirigeant libyen a comparé le projet à un «champ de mines» destiné à replacer les pays arabes sous la coupe des Européens. Cette crainte de voir l'Afrique déchirée est partagée par le président sénégalais Abdoulaye Wade. «L'idée d'une Union méditerranéenne, si elle se fait, va permettre à l'Afrique du Nord d'être arrimée à l'Europe», avait-il dit début juin. Pour lui, ce projet est «une barrière qui isolera l'Afrique au sud du Sahara et il faut que les Africains en soient très conscients» A Paris, on espérait malgré les déclarations au vitriol de son «guide» que la Libye dépêcherait un ministre à titre d'«observateur». La plupart des chefs d'Etat et de gouvernement arabes n'ont en tout cas pas suivi la politique de la chaise vide de Kadhafi.