Violence Ahmed mène la vie dure à son épouse Amina et, ce soir-là, il rentre encore ivre, accompagné de Mohamed, le cousin de cette dernière. Agé de cinquante ans et père de sept enfants, Ahmed a toujours eu un faible pour l?alcool. Il s?acharne sur la malheureuse mère de ses enfants, chaque soir où il rentre ivre. Ce jour-là, accompagné de Mohamed, le cousin de son épouse, ils s?engouffrent dans un débit de boissons et leur beuverie dure quatre heures. Outre l?alcool, Ahmed consomme également des stupéfiants. A minuit, il rentre complètement groggy à la maison, avec son invité habitant hors de la ville. Néanmoins, à leur arrivée, Ahmed chasse Mohamed qui refuse de s?en aller. Fou furieux, il hurle à sa fille aînée de lui apporter un couteau de cuisine. «S?il ne sort pas sur-le-champ je l?égorge», crie-t-il à ce moment. Intervient Amina, qui tente de faire entendre raison à son mari. Pour toute réponse, elle reçoit un coup de tête qui l?envoie au sol. Fulminant de rage, Ahmed court chercher un couteau. Profitant de cet instant d?inattention, la fille fait monter «l?invité» et le cache dans une minuscule pièce qu?elle referme de l?extérieur. Revenant dans la cour, un couteau à la main, Ahmed ne retrouve pas Mohamed. «Il a escaladé le mur et s?est enfui», murmure Amina, toujours étendue au sol. «Tu paieras à sa place», hurle son mari, la traînant dans leur chambre. Là, il s?arme d?un gourdin et le martyre de la pauvre femme commence. Il la frappe aveuglément et sans répit pendant plus d?un quart d?heure. Les frères d?Ahmed habitant de l?autre côté de la cour et habitués à ce genre de violences de leur frère sur son épouse, préfèrent fermer leurs portes et dormir. Seule la fille aînée, les yeux collés à la vitre, assiste à l?agonie de sa mère. Une fois son mari endormi, Amina sort de sa chambre en rampant ; elle s?approche d?un récipient, y trempe la main la porte à sa bouche puis perd connaissance. A l?aube son mari la rejoint et lui ordonne de se relever. Elle essaie, en vain. A bout de forces, elle s?agrippe au rideau puis s?écroule de nouveau. Son mari la traîne par les cheveux jusqu?à son matelas. Elle rend l?âme quelques minutes plus tard. Sa fille comprend qu?il s?agit d?un événement très grave. Elle tremble de tous ses membres quand elle entend la voix cinglante de son père lui ordonner de lui chauffer une grande quantité d?eau : «Ta mère a bu une bouteille d?eau de Javel. Je l?ai emmenée à l?hôpital où elle a reçu des soins, et elle se repose.» La bassine entre les mains, Ahmed retourne vers la chambre où Amina dort du sommeil éternel. Il la déshabille et met ses vêtements maculés de sang dans un cabas. Il lave le cadavre, l?enveloppe dans une couverture, ferme la porte à double tour et quitte son domicile. Il se dirige vers la mairie, livret de famille en main. «Mon épouse vient de décéder, dit-il à l?agent, et je voudrais un permis d?inhumer.» «Sans certifcat médical nous ne délivrons jamais ce document», lui réplique l?agent. Qu?importe, Ahmed est décidé à enterrer la malheureuse à la prière du dohr. Il retourne à la maison et hurle comme un damné le décès de son épouse. Les obsèques sont organisées. Quand, alertés par un coup de téléphone anonyme, des agents de police arrivent, le pot aux roses est découvert. Jugé, Ahmed écope de quinze ans de réclusion.