Audacieux cocktail mêlant science-fiction, fable écologique, poésie et humour, mais aussi superbe réussite graphique bourrée de clins d'œil au cinéma des années 1970, le film d'animation Wall-E , sorti hier mercredi en France, est la dernière production des inventifs studios Pixar. Quelque part sur le globe, une mégalopole moderne et ses gratte-ciel... mais un zoom dissipe aussitôt ce mirage de modernité conquérante.Car ces tours ne sont en fait que de vertigineuses piles de déchets, broyés et compactés, puis minutieusement empilés par un infatigable petit robot, baptisé Wall-E. Dernier d'une série d'appareils conçus pour nettoyer une planète submergée par les déchets, ce modeste broyeur rouillé, aux formes obsolètes, est la seule «présence» sur une Terre désertée par l'Homme depuis sept siècles. Avec pour seul compagnon un cafard roux, il vit dans un réduit tapissé d'un bric-à-brac d'objets collectés ici et là, et regarde en boucle une cassette VHS d'une comédie musicale de Gene Kelly, Hello Dolly !, avec Barbara Streisand. Sa routine quotidienne est bouleversée par l'arrivée d'une mystérieuse navette spatiale, d'où sort Eve, un menaçant robot blanc et fuselé à l'allure ultra-sophistiquée... dont il tombe immédiatement amoureux. Quasiment muet, poétique et émaillé d'irrésistibles gags basés sur une pantomime inspirée de celle de Charlie Chaplin ou Buster Keaton, Wall-E s'impose comme une grande réussite de Pixar. Pour Wall-E, Andrew Stanton s'est inspiré avec brio de l'univers visuel des films de Science Fiction de la période 1968 - 82 tels que le visionnaire 2001 l'odyssée de l'espace de Stanley Kubrick, mais aussi Star Wars, Alien, Blade Runner... Ultimes clins d'œil : l'actrice d'Alien, Sigourney Weaver, prête sa voix à Eve dans la version originale, tandis que Ben Burtt - à qui l'on doit la voix de R2D2, le courageux petit robot de Star Wars ou le claquement de fouet d'Indiana Jones -, signe les 2.400 sons originaux utilisés dans le film. À ce jour, Pixar, qui emploie un millier de salariés, dont une douzaine de réalisateurs, a récolté 4,3 milliards de dollars de recettes et treize Oscars.