Trois jeunes garçons rêvaient de vivre sous d?autres cieux Ils sont trois? Personne, dans ce beau quartier d?Alger, n?a vu une amitié aussi solide, tant le lien qui unit les trois jeunes garçons semble indéfectible. Fahim D. est âgé de 22 ans et tient le commerce de son père qui est à la tête d?une chaîne de bijouteries fort fructueuse. Samir L., lui aussi âgé de 22 ans, est agent de sécurité dans une polyclinique, Dahmane R., âgé de 21 ans, est, quant à lui, chômeur. A vrai dire, il n?a que faire d?un emploi, étant fils de gens fort aisés, tout comme son ami Fahim. Contrairement à ses deux meilleurs potes, Samir, moins nanti, travaille dur afin de subvenir aux besoins d?une famille nombreuse. C?est lui le criminel ! Avait-il l?intention de tuer, ou alors, comme il le criait si fort le jour de son procès, il ne s?agissait que d?une erreur fatale ? La vérité la vraie, lui seul la possède au fin fond de sa tombe. Pourtant au moment où on le condamnait à mort, il hurlait qu?il était «innocent». Tout est né d?une idée banale. Les trois amis d?enfance, profitant d?une belle journée, ont organisé une balade en mer. Trois garçons qui parlent le langage des gens déçus, dégoûtés par une vie plate, faite de routine et de contraintes. Ainsi, Fahim se plaignait d?un père indifférent, froid alors que Samir ne savait plus comment joindre les deux bouts afin de nourrir sa famille. Un agent de sécurité ça ne payait pas vraiment bien. Seul le plus jeune, Dahmane rêvait. C?est vrai que ses parents bourgeois étaient étouffants mais il n?allait pas en faire un drame. «Soyez plus ambitieux les gars. On ne va tout de même pas passer notre vie en Algérie. On partira bientôt. ? Avec quoi partirons- nous ? Si vous deux avez de l?argent, moi je n?ai pas un sou... ? Si ce n?est que ça, j?ai une idée ou plutôt un plan extraordinaire, conclut le fils du bijoutier». L?idée et le plan ont germé à partir d?une conversation commune à tous les jeunes ambitieux rêvant d?un ailleurs meilleur. Mais combien de jeunes iront-ils jusqu?à monter un plan aussi machiavélique. Quelques jours plus tard, le plan est mis à exécution. Ainsi, Samir et Dahmane, munis de deux bouteilles d?éther, font irruption dans la bijouterie de leur ami qui se touvait seul cet après-midi-là? Après avoir dévalisé plus d?un milliard en or, ils endorment Fahim en l?étouffant avec un mouchoir imbibé d?éther. Leur plan aurait marché à merveille, si, maladroits comme ils étaient, ils avait eu la présence d?esprit de vérifier la date de péremption des bouteilles d?éther, car celles-ci étaient périmées. Pris de panique les trois comploteurs arpentaient la bijouterie de long en large essayant d?improviser. Lumière ! Samir proposa de porter un coup à la nuque de Rahim à l?aide de la balance qui servait à peser les somptueux bijoux. Un coup léger, précisa-t-il ! Malheureusement, ce coup, aussi léger soit-il, fut fatal au pauvre F. D. qui décède quelques minutes après le départ de ses amis, emportant leur butin... Pendant une semaine, ils sont recherchés pour meurtre. Une histoire qui terrorisa et peina les habitants de Tipasa. Au bout de ce temps-la, voilà nos deux criminels qui se rendent à la gendarmerie et racontent tout. En l?an 2002, l?affaire est jugée. ? Où vous êtes-vous rendus après avoir assassiné F. D. ? ? Nous étions à Oran, M. le président. Nous avons appris la mort de notre ami et nous ne savions plus quoi faire. ? Aviez-vous prémédité ce crime ? ? Non M. le président. En fait, nous avions monté un plan à trois. Nous ne désirions que les bijoux et l?argent, car notre rêve était de partir en Angleterre. ? Accusés, pourquoi avez vous frappé d?un coup mortel votre meilleur ami ? ? Il ne s?est pas évanoui, l?éther étant périmé, c?est alors que la victime elle-même nous proposa de lui porter un léger coup à la nuque afin de faire croire à un vrai cambriolage. Nous sommes innocents. Au terme de ce procès, S. L. est condamné à mort, alors que le plus jeune, Dahmane R., est condamné à réclusion criminelle. Triste sort pour trois jeunes garçons qui rêvaient d?un ailleurs paradisiaque.