Résumé de la 18e partie n Toujours sur le canot, Jeffrey avoue à Hannah le meurtre de la femme de Peter Blake et aussi qu'ils sont seuls sur les lieux puisque, par le biais d'un message, il a réussi à éloigner Peter... Ainsi, Peter Blake ne serait pas ici avant une huitaine d'heures. Mais pourquoi Jeffrey avait-il voulu l'éloigner ? Ce fut soudain comme si quelqu'un avait tourné une clé dans mon esprit et enfoncé l'accélérateur. Jeffrey venait de m'apprendre qu'il avait assassiné Rosemary Blake. Quoi qu'il dise ou qu'il fasse désormais, il fallait qu'il me tue aussi. Nous étions au beau milieu de l'étang. Non, pas au milieu, mais à trois cents mètres, quatre cents mètres maintenant, de la plage, de la cabane, de la voiture – le chemin le plus rapide pour rentrer chez moi. J'entendais la houle cogner contre le flanc gauche du canot, ce qui signifiait que le vent nous poussait vers la rive opposée. Et qu'y avait-il sur la rive opposée ? Des kilomètres et des kilomètres de forêt obscure et déserte. Et qu'y avait-il dans le canot ? Jeffrey. Je venais de décider de quel côté j'avais le plus de chances de m'en tirer, à la seconde où il leva sa rame qu'il tenait à deux mains comme une batte de base-ball. Mais, pour la première fois de mon existence, j'avais un temps d'avance sur lui. Je sautais déjà pardessus bord quand il acheva son geste, et si l'extrémité de la rame m'atteignit, elle ne fit qu'effleurer la partie la plus dure de ma personne – mon crâne. Il se produisit alors deux choses qui auraient pu sceller mon destin mais, paradoxalement, me sauvèrent la vie. D'abord, je fis basculer le canot en sautant et celui-ci s'emplit d'eau, si bien que Jeffrey, occupé à se maintenir à flot, ne put me regarder. Ensuite, comme je portais – à la demande insistante de Jeffrey – plusieurs couches de vêtements et de grosses bottes en caoutchouc, je ne restai pas à la surface. A peine avais-je touché l'eau noire et glaciale que je coulai. Et je coulai. Il me sembla que je mettais une éternité à refaire surface. Mais quand j'y parvins enfin, à grand-peine, les vagues et l'obscurité me dérobaient à sa vue. Et c'était pour le moment tout ce que je désirais – échapper à la vue de Jeffrey. J'aspirai l'air à pleins poumons, le plus d'air possible, et plongeai à nouveau, en luttant avec l'énergie du désespoir pour m'éloigner du canot. Quand j'émergeai pour la deuxième fois, Jeffrey s'était remis à ramer, mais le canot et lui semblaient déjà plus loin. Je replongeai et, cette fois, je compris que j'avais bien fait. Je m'étais éloignée du canot, dans le sens du vent, vers la rive opposée. Jeffrey avait pensé, logiquement, que j'essaierais de rejoindre la terre la plus proche. Il ramait parallèlement à la plage, entre moi et la jetée de la cabane. L'étang était vaste. Il était forcé de choisir. Et il avait fait le mauvais choix. (à suivre...)