Résumé 11e partie n Peter Blake rejoint Hannah au bord de l'étang et lui remet un tube de pommade pour sa blessure. Celle-ci le prend et se lève par crainte de Jeffrey... Je me tournai vers lui. Plus la moindre trace de sourire, cette fois. Il me regardait fixement et semblait incapable de détourner les yeux. Et je restai immobile, prisonnière de ce regard, jusqu'au moment où le canot vint s'affaler en raclant le sable tandis que Jeffrey bondissait sur la plage pour nous rejoindre. J'avais été stupide d'avoir aussi peur. Jeffrey tendait la main, avec un sourire éclatant, en s'approchant de l'autre homme. — Blake ! Quel plaisir de vous voir ! Ça faisait longtemps. Nous n'étions pas tirés d'affaire pour autant. C'était Peter Blake, cette fois, et non Jeffrey, dont les traits s'étaient durcis, et on eut, un instant, l'impression qu'il allait ignorer la main tendue. Je crois que je fermai les yeux. Prends-la. Pour l'amour du ciel prends cette main. Quand je regardai à nouveau, la grande main blanche et la grande main brune s'étaient rejointes. Je respirai. Les yeux verts croisèrent brièvement les miens, puis revinrent se poser sur Jeffrey, et Peter Blake retira sa main. — Vous venez tard, cette année. — Oui, dit Jeffrey. J'ai parié qu'il ne gèlerait pas. Ça en valait la peine, vous ne trouvez pas ? Il me sourit, et je lui rendis son sourire. Il tendit le bras vers moi, et je me rapprochai pour lui permettre de le passer autour de mes épaules. L'habitude. Peter Blake observait. — J'ai apporté à votre amie quelque chose à mettre sur cette blessure qu'elle a dans le dos. Je l'ai remarquée ce matin. Je crains qu'elle ne soit obligée de voir un médecin. — Je surveille ça de près, dit Jeffrey. Merci. Hannah, tu as l'air transie. Je vais te ramener. Combien de temps comptez-vous rester ici, Blake ? — Quelques jours. La cabane a besoin de réparations. — Dans ce cas, nous nous reverrons certainement, dit Jeffrey. — Certainement. Je saluai. Peter Blake répondit d'un hochement de tête. Jeffrey me raccompagna à la cabane, sans relâcher l'étreinte de son bras autour de mes épaules. Aujourd'hui encore, je ne m'explique pas pourquoi. Je ne sais toujours pas si ce fut à cause de la question de Peter Blake, ou de la façon dont il nous avait regardés, tous les deux, mais je crois que ce fut là, sur la plage, que je vis pour la première fois Jeffrey, le véritable Jeffrey, l'homme qui se cachait derrière ce sourire, derrière ces mains. En tout cas, au moment où je quittai la plage ensoleillée pour entrer dans la pénombre de la cabane, je savais. Que je n'étais pas tombée toute seule contre ce mur. Et que je n'appartenais pas à Jeffrey. (à suivre...)