Résumé de la 16e partie n Hannah et Jeffrey vont en canot, pêcher. Elle tente encore de le convaincre de rentrer en ville. En vain. Jeffrey persiste à vouloir pêcher malgré le vent et le froid... Je compris, au bruit, qu'il rembobinait sa ligne. Je fis de même. Il me prit la canne des mains et la rangea au fond du canot. Il me tendit ma rame. Nous étions à environ huit cents mètres du bord et je distinguais à peine les arbres. La houle qui venait de se former, claquait durement contre la coque d'aluminium et l'on n'entendait plus le bruit que nous faisons en ramant. Quand nous eûmes contourné la pointe, je constatai que la lampe qui brillait dans la cabane de Peter Blake était maintenant éteinte. Et je constatai aussi que le vent, à cet endroit, soufflait encore plus fort. Il traversait la laine épaisse de mon sweater et faisait dangereusement tanguer le canot. Je me retournai. — Jeffrey, rentrons. J'en ai assez, pas toi ? — Oui, je crois que j'en ai vraiment assez. Une intonation bizarre dans sa voix ? Je n'en étais pas certaine. Mais soudain, je n'eus plus qu'une envie : partir d'ici. Je me tournai vers l'avant et me mis à ramer furieusement, pour nous ramener vers la cabane, la voiture, le départ. D'abord, les coups de rame de Jeffrey parurent aussi déterminés que les miens, mais quand nous parvînmes à environ trois cents mètres de la plage, je sentis que notre vitesse diminuait. Quand Jeffrey parla à nouveau ce n'était plus sa voix, mais une claire imitation de la mienne : — «Rien de cassé entre nous.» Oh, Hannah, tu me prends vraiment pour un imbécile ? Non. Pas ici. Pas maintenant. Je plongeai ma rame dans l'eau et fonçai vers le bord. — Je t'ai vue. Je l'ai vu. Je savais qu'il viendrait dès que ma voiture ne serait plus là. Alors, je me suis garé un peu plus loin sur le chemin et je suis revenu à pied. Je dois reconnaître que ça ne lui pas pris beaucoup de temps. C'est quoi, le plan ? On rentre chez nous, tu me plaques, et vous revenez ici tous les deux ? ne panique pas. Tu es déjà passée par là. La meilleure chose à faire… Mais quelle était la meilleure chose à faire ? Tout ce que j'avais pu dire n'avait jamais entamé la jalousie démentielle de Jeffrey. Toutes les explications étaient restées inutiles. Mais c'était peut-être ça, le problème : mon désir d'expliquer. Je songeai à Peter Blake : vous auriez eu l'air moins bizarre si vous m'aviez dit de m'occuper de mes propres affaires. C'est ce que n'importe qui, dans son état normal, aurait dit. Et dans ce cas ? Que dirait une personne dans son état normal ? Je ramenai la rame vers mes genoux et poussai l'eau d'un mouvement circulaire aussi large que je le pus sans faire basculer le canot. — Si c'est ce que tu penses, Jeffrey, tu es un imbécile. maintenant, il est tard et j'ai froid et je voudrais rentrer. je dois admettre que cela parut le calmer un instant. Un court instant. (à suivre...)