Résumé de la 9e partie n Jeffrey raconte à Hannah comment la femme de Peter Blake s'est noyée et la met en garde quant au danger de la mer… J'eus un court répit après le déjeuner quand Jeffrey partit creuser dans la forêt pour trouver des vers. A son retour, il prit l'une des cannes à pêche et alla chercher un vieux canot en aluminium tout cabossé sous la cabane où il était rangé. — Tu veux venir ? Je secouai la tête. Jeffrey poussa le canot à l'eau et disparut en pagayant derrière une avancée de la berge. Je le regardais par la fenêtre de la cuisine tout en faisant la vaisselle. Quand ce fut terminé, je pris une couverture dans la chambre sur une étagère, descendis jusqu'à la plage et l'étalai sur le sable tiède. Mais je ne m'y assis pas. Impossible, je n'avais que Peter Blake à l'esprit. Que devait-il penser de moi ? Il se disait forcément que je n'ignorais rien de son histoire et que je lui avais délibérément décoché cette allusion cruelle. Je rassemblai le peu de courage que j'avais jamais eu, et je partis le long de la plage jusqu'à sa cabane. Il était sur le porche, en train de réparer la porte-moustiquaire déchirée, toujours torse nu, et je vis les muscles s'étirer et se tendre sous la peau dorée de son dos lorsqu'il m'entendit, puis se retourna. Je ne lui laissai pas le temps de parler. — Je suis venue vous présenter mes excuses pour ce qui a dû vous paraître une allusion aussi méchante que gratuite. Je vous jure que je ne savais absolument rien de ce qui s'était passé avant que Jeffrey ne m'en parle il y a une heure. Je n'aurais jamais dit... Je ne me serais jamais permis... Je ne pouvais pas me douter... j'espère que vous voudrez bien comprendre... Son sourire, cette fois, était un vrai sourire, mais sa voix me parut plus chaleureuse que je ne le méritais. Je l'ai compris deux minutes après votre départ. Il était clair que vous n'étiez pas du genre à faire des plaisanteries cruelles. Vous n'avez pas à vous excuser. Je suis seulement désolé de pas avoir réagi assez vite pour vous mettre à l'aise. — Ah, je vous en prie, ne vous excusez pas ! C'était entièrement ma faute. Jeffrey dit toujours que je jacasse comme une idiote quand je suis intimidée. Merci de prendre ça aussi gentiment et d'écouter une seconde fois mes bredouillages. Au revoir. Je tournai les talons et repartis. J'avais déjà redescendu les trois marches pour m'élancer sur la plage quand je l'entendis dire : — Au revoir. Je retournai à ma couverture et me laissai choir sur le dos, épuisée, mais la conscience plus légère. Je crois que je m'assoupis, mais je ne dormis pas longtemps. En me réveillant, je me dressai sur mon séant pour regarder autour de moi. Jeffrey n'était toujours pas visible, et pour une fois j'en fus contente. Je me rendais compte, avec du retard, qu'il y avait d'autres choses à regarder. (à suivre...)