Résumé de la 20e partie n Hannah se croyant perdue reprend espoir quand elle voit une lumière chez Peter Blake... Je ne sais combien de temps il me fallut pour me frayer un chemin, en luttant des pieds et des poings, autour de cet étang. Le sweater de laine s'accrochait à chaque branche, les ronces m'égratignaient la figure, je me coupais aux mains en m'agrippant aux roseaux pour avancer à travers les zones marécageuses. Le jean épais me protégeait les jambes, mais comme il était froid et alourdi par l'eau, il me ralentissait. Les grosses bottes de Jeffrey gisaient quelque part au fond de l'étang et je n'avais pas franchi la moitié de la distance que mes chaussettes étaient en lambeaux, je continuai pourtant. Quand j'atteignis le sable doux de la plage, des larmes de soulagement me vinrent aux yeux, et quand je posai le pied sur la première marche de la cabane, je me mis à pleurer pour de bon, mais je ne m'en souciai pas. L'heure n'était pas à l'amour-propre. Ni à la peur. Les larmes ruisselant sur mes joues lacérées, j'ouvris à la volée la porte de la cabane et m'avançai dans la lumière de la lanterne. Et sous les yeux de Jeffrey. Ses vêtements étaient trempés. Mais il avait ranimé le feu dans le poêle de Peter Blake, rallumé la lanterne de Peter Blake, et s'était affalé dans le fauteuil de Peter Blake, en chaussettes, les jambes allongées face au feu telle une araignée attendant sa mouche. — Salut, Hannah, dit-il. Tu as l'air surprise. Pourquoi ? Je ne suis pas surpris, moi. Même si tu as mis si longtemps à arriver que j'ai pensé que tu étais peut-être morte, finalement. En fait, je savais que si tu n'étais pas morte, tu te précipiterais vers lui il suffisait de voir comment vous vous faisiez de l'œil, sur la plage, aujourd'hui. Je devrais peut-être dire, pour être tout à fait juste, comme vous essayiez de ne pas vous faire de l'œil. C'était, tout compte fait, un spectacle des plus pitoyables. (Il se leva en repoussant son fauteuil.) Allons, allons, Hannah, ne pleure pas. Tu ne peux pas prétendre que je n'ai pas été loyal avec toi. Je t'ai bien dit qu'il n'était pas là n'est-ce pas ? Viens ici, à la lumière. Dans quel état tu es ! Que t'est-il arrivé ? Il me saisit par le bras, m'attira vers lui. Je n'aurais pas pu bouger si j'avais essayé. J'étais sans forces. J'aurais dû m'en douter. N'avais-je donc rien appris ? Me précipiter vers Peter Blake pour qu'il me sauve ! Il n'y avait personne pour me sauver. Il n'y avait que Jeffrey et moi. En me forçant à pivoter devant la lanterne, il sentit probablement à quelle impuissance j'étais réduite. Il se mit à rire doucement en me repoussant en arrière. Je tendis la main pour ne pas perdre l'équilibre et heurtai la lanterne. Elle oscilla en faisant bouger les ombres dans la pièce et sur le visage de Jeffrey qui parut s'animer sous mes yeux. Jeffrey. Et moi. (à suivre...)