Résumé de la 3e partie n Grain de grenade est abandonnée par M'hammed au pied d'un arbre comme le lui avait souhaité l'ogresse. C'est ainsi qu'elle est recueillie par un vieux couple très pauvre... Je suis votre fille ! rétorqua-t-elle. Ils allèrent au souk, elle lui acheta une paire de babouches, une jebba et pour la vieille une fouta et blouza (costume de la citadine en Tunisie). Elle fit aussi provision d'aliments variés, rentra à la maison, prépara elle-même le repas, puis lava les vieux et les habilla. Le lendemain, elle leur dit : — La maison est en ruines et s'il pleut, elle s'écroulera sur nous. — Nous n'avons pas d'argent, répliqua le vieil homme. — Moi, je t'en donne, va chercher des ouvriers et les matériaux nécessaires. Il ramena des ouvriers et des matériaux, ils détruisirent ce qui restait de la maison et la refirent à neuf. La jeune fille sortit quelques bijoux et les offrit à la vieille femme, puis vécut parmi eux comme leur propre fille. Un jour parmi les jours, son père partit faire des courses et entendit un crieur public dire : — Qui veut prendre une vache, s'en occuper et l'engraisser pour M'hammed le fils du sultan qui se marie bientôt ? De retour à la maison, il répéta à sa fille ce qu'il avait entendu et elle lui demanda d'aller en chercher une tout de suite. Le vieux n'accepta pas et lui dit que la maison était propre et que personne ne pourrait s'occuper d'une vache qui salirait tout. Elle insista, lui promit de s'en occuper elle-même, et il partit. Il ne restait plus qu'une vieille vache maigre et sans force, n'ayant même plus de dents pour manger. Il rentra en informer sa fille qui lui demanda d'aller la chercher quand même. Elle installa la vache dans le jardin, lui donna à boire et à manger à profusion jusqu'à ce qu'elle grossît et devînt en pleine forme. Un jour parmi les jours, le vieux alla au souk, et entendit le crieur public dire : — Aujourd'hui, on récupère les vaches de M'hammed le fils du sultan. Il revint avertir sa fille. Quelque temps après, on frappa à la porte, le vieux alla ouvrir. C'étaient les valets du prince qui venaient demander si la vieille vache était toujours en vie et s'ils pouvaient l'embarquer. Il leur demanda d'attendre un moment et rentra renseigner sa fille qui lui dit : «Fais-les entrer.» Ensuite, elle courut parler à la vache : — Chienne ! fille d'un chien ! reste vautrée dans ton coin, ne te relève pas même s'ils menacent de t'égorger sur place, même si c'est le prince qui vient te demander de te mettre debout, ne bouge que si c'est moi et moi seule qui te l'ordonne en te disant : Lève-toi, ne me laisse pas tomber comme l'a fait M'hammed le fils du sultan qui m'a abandonnée sous un arbre ! Les valets entrèrent, dirent à la vache de se lever, en vain. Ils partirent voir le prince, lui annoncèrent à quel point la vieille vache avait changé, qu'elle était devenue la meilleure de toutes, mais lui dirent aussi qu'elle avait refusé de se lever et de les suivre malgré tous leurs efforts : ils l'avaient tirée par la queue, par les oreilles, par la tête, rien n'y avait fait, elle était restée vautrée dans son coin, indifférente à tout. Le prince s'exclama : — J'y vais moi-même et je la mettrai debout, c'est pas une vache qui me battra ! Il y alla, lui ordonna de se lever, la tira par la queue, par les oreilles, par la tête, s'énerva et dit à son valet : — Va chercher un couteau, une hache et tout ce qu'il faut, nous allons l'égorger sur place ! Le vieux leur demanda alors d'attendre un peu car il allait appeler sa fille qui, s'étant occupée elle-même de la vache, pourrait peut-être la faire lever. Il y alla, elle vint. Il les pria de se mettre un peu à l'écart et la fille s'adressa ainsi à la vache : Lève-toi, ne me laisse pas tomber comme l'a fait M'hammed le fils du sultan qui m'a abandonnée sous un arbre. La vache se leva alors sans se faire prier. Le prince entendit ce que la jeune fille venait de dire, il en fut surpris et se rappela Grain de grenade et la promesse qu'il lui avait faite. Il se jeta sur elle, lui demanda pardon et dit : — Par Dieu, le mariage qui doit se faire avec l'autre femme, je l'annule tout de suite et j'en célèbre un plus grandiose avec toi ! Et il se tourna vers les vieux : — Etes-vous d'accord ? Exigez la dot que vous voulez pour votre fille ! Le lendemain, il se maria avec elle et l'emmena dans son château. Les vieux devinrent les beaux-parents du sultan et vécurent avec leur fille et son mari, et notre conte traversa la forêt et cette année nous aurons deux et une récolte.