Il était ce qu'il en était. — Que la paix et l'abondance soient sur toi ! — Notre chambre est en soie, votre chambre est en lin et la chambre de l'ennemi est un nid de souris. Messieurs et nobles Seigneurs, que nous soyons guidés, que vous soyez guidés sur la voie du bien et de la foi. On raconte qu'une femme accompagnait son mari au champ, elle était enceinte et traînait souvent derrière lui. Un jour de canicule, alors qu'elle était loin derrière son homme, elle fut arrêtée par une ogresse noire de peau, échevelée, aux dents énormes, qui rugit et lui dit : — Quel est ton nom ? Quel est le nom de ton père ? Effrayée, la femme lui répondit : — Je suis une telle, fille d'un tel. L'ogresse lui dit : — Maintenant je ne te ferai pas de mal, mais je vois que tu es enceinte, alors si tu mets au monde un garçon, il est à toi, si c'est une fille, tu dois me promettre que tu me la donneras. Le sol se fendit et l'ogresse disparut. La femme rejoignit son mari, mais ne lui dit rien. Passa un temps et vint un autre, elle mit au monde une fille et oublia sa promesse à l'ogresse. La fille grandit, devint très belle et sa mère en était très fière. Un jour, elle accompagna son vieux père au champ, lui, à dos d'âne était devant et elle le suivait à quelques pas derrière. Soudain, l'ogresse apparut, l'attrapa par le bras en la serrant très fort : — Qui es-tu ? Qui est ta mère ? — Je suis une telle, fille d'une telle. L'ogresse se mit en colère, lui pinça très fort le bras et lui dit : — Quand tu rentres, dis à ta mère : rappelle-toi ta promesse. La fille rejoignit son père au champ, joua et oublia l'incident. De retour à la maison, sa mère voulut la laver, s'aperçut qu'elle avait un bleu au bras et demanda qui l'avait pincée ainsi. La fille se rappela tout alors et lui dit : — Mère, une ogresse m'est apparue sur le chemin du champ, elle était effrayante avec des dents énormes, des cheveux hirsutes et m'a demandé qui je suis et qui est ma mère. Quand je lui ai donné ton nom, elle m'a pincée très fort et m'a dit de te rappeler ce qui était convenu entre vous deux. La pauvre femme comprit tout de suite et, pendant qu'elle lavait sa fille, ses larmes coulaient à flots et, quand cette dernière lui demandait ce qu'elle avait, elle lui disait tout simplement qu'elle avait mal à la tête. La fille lui demanda alors : — Que dois-je répondre si l'ogresse m'arrête une seconde fois ? Tout en continuant à pleurer, la mère lui dit : — Si l'ogresse t'arrête une seconde fois, réponds-lui : Ma mère te dit : Sers-toi sans attendre ! Le lendemain, la fille retourna au champ avec son père, lui, à dos d'âne, toujours devant, et elle, à pied, toujours derrière. Au même endroit, l'ogresse apparut, l'attrapa par le bras et lui demanda : — As-tu transmis mon message à ta mère ? La fille acquiesça et l'ogresse lui dit : — Et alors, qu'a-t-elle répondu ? Et la fille répéta les paroles de sa mère : — Sers-toi sans attendre. Satisfaite, l'ogresse lui ordonna : — Ferme les yeux, place la pointe de tes pieds sur la pointe de mes pieds. La terre se fendit et les engloutit toutes les deux. Lorsqu'elle ouvrit les yeux, elle se vit entourée d'ogres et d'ogresses aussi menaçants les uns que les autres. L'ogresse les calma en leur disant : C'est ma fille, ne lui faites aucun mal. (à suivre...)