Résumé de la 2e partie n Au cours de sa promenade à cheval, Bohannon découvre le cadavre d'un homme... L'homme est bien habillé, non pour la campagne comme ici, mais pour la ville. Complet sombre. Cravate. Chemise blanche. Là où elle n'est pas tachée de sang. On a abattu cet homme. De face. Bohannon reconnaît un point de sortie de balle quand il en voit un, et il en voit un. Juste entre les deux omoplates. Peu de sang. L'homme est mort très vite. Il ne touche pas le corps une deuxième fois, ni les vêtements. C'était son métier, ça ne l'est plus. Il se lève, secoue la poussière de ses mains et regarde à nouveau vers la droite. Quelque part sur la pente, parmi les arbres, les rochers, les fougères et les taillis, il lui a semblé voir plus tôt un éclat métallique. Il avait bien vu. Il grimpe dans cette direction et les battements de son cœur s'accélèrent quand il comprend qu'il ne s'était pas trompé. C'est le vieux camping-car tout cabossé de Steve Belcher. Belcher est un ancien du Viêt-nam, barbu et chevelu, qui vit dans son camping-car et fiche la paix à tout le monde en espérant que tout le monde lui fichera la paix. Son départ pour les canyons a été ce qui lui est arrivé de mieux depuis quatre ou cinq ans qu'il est dans le coin. Il avait d'abord garé son camping-car en différents endroits de Madrone et les habitants, chaque fois, l'en avaient fait déguerpir. Pour finir, il avait ancré un vieux bateau de pêche prenant l'eau de toutes parts sur Short's Inlet, un plan d'eau dont nul ne se souciait hormis quelques canards migrateurs de temps à autre, mais que tout le monde avait absolument voulu protéger après que Belcher s'y fut installé. Ne polluait-il pas ? Une si belle réserve naturelle de gibier d'eau ! Belcher avait donc renoncé après quelques pénibles scènes en plein conseil municipal – il avait une grande gueule, Belcher et il était parti dans les canyons avec son camping-car à la carrosserie mangée par la rouille. Il ne venait plus en ville qu'une fois par mois, pour toucher sa pension d'invalidité et faire ses provisions. Le reste du temps, on ne le voyait pas. Sauf la fois où il a prétendu installer son camp sur le site du festival Mozart, où se donnent des concerts à la belle saison. Le Dr Dolores Combs et les autres riches mélomanes de la ville ont failli le faire pendre pour ça. Les bottes de Bohannon écrasent des boîtes de conserve éclatées, de vieux papiers, des emballages en plastique... Les coyotes et les ratons laveurs ont éventré un sac-poubelle pour y chercher leur pitance. Un bruit lui fait lever la tête, et il voit Belcher nu comme un ver à la porte du vieux camping-car, un Browning de calibre 9 à la main. — C'est moi, dit Bohannon. Ne tire pas ! — C'est tôt, merde ! grogne Belcher. (Il se réveille, la barbe et les cheveux blonds sales, hirsutes.) Qu'est-ce que vous voulez ? Vous avez pourtant pas l'habitude de m'embêter, vous. (Il plisse les paupières, méfiant.) Pas jusqu'ici. — Il y a quelque chose en bas, sur la piste, dit Bohannon. Quelque chose qui ne devrait pas y être. Habille-toi. Je veux que tu y jettes un coup d'œil.