InfoSoir : Vous avez pris la relève de votre père et vous portez le tarbouche comme lui… Ahmed Bourahla : Mon défunt père a beaucoup travaillé pour préserver l'art du chaâbi. Il n'a pas été bien médiatisé et pourtant il était connu partout dans le pays et dans certains pays voisins. Il avait ramené de Fès de précieux volumes de poésie (diwan). Il voulait que le kheloui perdure. Il a laissé un riche répertoire. Depuis l'âge de 18 ans, je faisais partie de sa troupe musicale avec mon mandole et j'ai suivi le même chemin que lui. J'ai dû prendre sa relève depuis 25 ans. J'ai monté mon propre orchestre qui m'accompagne à ce jour, composé de jeunes musiciens comme Hamid Izri, Tayeb Belkhodja, Mahdi et d'autres. Je ne peux me passer du tarbouche de mon père sur la tête. Il a un sens très profond que je ne peux expliquer. Il représente les traditions en Algérie et Koléa en particulier. Que représentait pour lui le poète marocain El-Alami ? El-Alami était son maître spirituel qui le conseillait et lui donnait beaucoup de qacidate. Il avait son propre cachet pour prouver l'authenticité des diwan El-Alami. Il ramené ses diwan et personne après lui ne put se les procurer. Et votre propre répertoire ? Parmi mon répertoire, je vous cite la qacida sur les parents Ya elwaldine de 20 minutes écrite dans les années 90. Mais personne ne l'a reprise et je ne sais pas pourquoi. Ce que je n'arrive pas à comprendre, c'est le fait que les qacidate du cheikh n'ont jamais été reprises par d'autres artistes. Certaines ont été reprises mais jamais avec le même cachet que celui de mon père. C'est pourquoi ma famille voudrait relancer le projet de l'école qu'il avait tant souhaité ouvrir de son vivant pour l'apprentissage du chaâbi et du style kheloui, car nous avons peur qu'il disparaisse. Nous avons créé l'association Les amis de Bourahla qui a obtenu son agrément depuis près de 2 ans. Nous voulons qu'il y ait une continuité.