Différence n Si les garçons arrivent le plus souvent à trouver la parade en conciliant, dans bien des cas, débrouille et vacances, les filles s'initient difficilement à cet exercice. Le travail estival n'est plus l'apanage des garçons. Les filles se mettent aussi de la partie, proposant leurs services pour la garde des enfants, les travaux ménagers, le service dans les restaurants, salons de glace ou de thé. La liste des possibilités est encore longue. Elle diffère d'une région à une autre. Lydia et Radia sont deux petites sœurs. Elles fréquentent le même CEM à Bab El-Oued où elles résident et travaillent comme piqueuses dans un magasin d'effets vestimentaires pour femmes, sis à la rue Larbi-Ben-M'hidi, à Alger-Centre. Quand il n'y a plus de clients dans la boutique, les deux demoiselles se tiennent à l'entrée et scrutent les passants. Sinon, elles s'occupent à surveiller les éventuels clients du magasin. «On ne fait pas grand-chose», dit Radia qui n'arrête pas de sourire. L'attitude se comprend : c'est la première fois qu'elle fait ce boulot avec sa sœur dans le commerce de son propre frère. Une affaire de famille en somme. Même si elles refusent de dire combien elles gagnent, les deux demoiselles disent pouvoir régler tous les frais de la rentrée scolaire sans problème. Elles tiennent là une promesse de leur frère gérant. Samira n'a pas cette chance d'être prise en charge par ses frères pourtant nombreux et travaillant chacun dans son coin. Ayant échoué au bac en 2007, Samira entame un stage de technicien supérieur en informatique dans un centre de formation professionnelle distant de son lieu de résidence d'environ 20 km.Elle a débuté en février dernier et s'attend à boucler sa formation dans 30 mois. Sauf que ce stage exige des dépenses ne serait-ce que les frais de transport. Le trajet, aller-retour, lui revient à 70 DA la journée. «Mes frères me donnent cet argent selon leur humeur. Le matin, il faut les supplier tous les trois et chacun vous renvoie à l'autre», affirme-t-elle. La jeune demoiselle ne se fait pas d'illusions : «Je sais qu'ils ne veulent pas que je suive le stage. Ils veulent que je reste à la maison. Seulement, je ne compte pas baisser les bras comme ça. Je suis soutenue par ma mère et l'un de mes frères qui, à vrai dire, ne peut pas m'aider financièrement puisqu'il aide déjà la famille. Pour alléger son calvaire, Samira s'est débrouillé un autre stage : la couture. «Je travaille dans un atelier de confection. Je travaille à la tâche et j'apprends en même temps. Pour cela, je touche entre 80 et 100 DA la tâche», indique-t-elle. Samira fait ce boulot depuis maintenant deux ans. Elle arrive à satisfaire une petite partie de ses dépenses en attendant des jours meilleurs. Son stage de couture lui permet de confectionner des vêtements à ses sœurs et retoucher les pantalons de ses frères. «En dépit de cela, ils tentent encore une fois de me mettre des bâtons dans les roues», fulmine-t-elle.