Tendance n A Alger, comme dans beaucoup de villes, le commerce informel attire les enfants pendant l'été. Les occasions de faire de bonnes affaires sont nombreuses. «Ce soir, vous me ferez les comptes !» C'est un jeune qui peste contre deux petits enfants à la place des Martyrs (Alger). Tous les trois officient au niveau du marché informel de la Basse Casbah. Leur spécialité : la vente de vêtements pour femmes. «Que chacun me rapporte 1 000 DA ce soir, sinon gare à vous !», s'emporte encore le «patron». Les deux petits vendeurs ont eu le tort de «dormir dans leurs vêtements», pour reprendre l'expression de l'employeur. La place des Martyrs est noire de monde en ce jeudi après-midi. Les cris des vendeurs fusent de partout. Ils font des affaires à des prix qui ne laissent aucune chance aux produits exposés dans les vitrines des magasins qui pullulent dans ce vieux quartier d'Alger. Leur méthode : le «harcèlement commercial» des femmes dans le but de vendre quelque chose et n'importe comment. Au milieu de la foule, les deux garçons se tiennent l'un à côté de l'autre, se contentant uniquement d'exposer aux passantes leurs marchandises. «Allez ! Bougez !», s'écrie encore le patron. A cette injonction, les deux petits commerçants se lancent dans la rue, chacun de son côté. Pour attirer l'attention des femmes, ils en arrivent à les tirer par leur jupe. Les deux commerçants se trouvent ainsi occupés au point de ne pas vouloir faire causette. A la question s'il fréquente toujours l'école, l'un d'eux qui refuse de divulguer son prénom, réplique : «En quoi cela vous regarde ?» Les menaces de son «patron» auraient provoqué chez lui une grosse colère. Plus communicatif, Khaled, un enfant de Bab El-Oued, fait du «trabendo» à la plage El-Kettani. Il vend des cigarettes, du tabac à chiquer, des cacahuètes et des chewing-gums. «Je suis tout le temps à la plage. Je m'amuse et je m'occupe à la fois», dit-il. Khaled, 13 ans, entrera au CEM en septembre. Dans cette perspective, il a pu ramasser un peu d'argent de poche. Avec cet argent, il s'est procuré les produits nécessaires pour approvisionner sa table qu'il tient accrochée à son cou. «Ça marche bien surtout les jeudis et les vendredis», affirme-t-il, refusant de révéler le montant de sa recette quotidienne. L'enfant n'a pas été spécialement attiré par l'obligation de préparer la rentrée scolaire. «Beaucoup de mes copains au quartier font ça, je me suis mis moi aussi de la partie», explique-t-il. L'enfant n'a pas tort. Des dizaines de petits vendeurs, mouillés de la tête aux pieds, écument la plage de bout en bout dans l'espoir d'écouler leurs produits. Ils ont trouvé la parade : vendre et s'amuser. Joindre l'utile à l'agréable, quoi… !