InfoSoir : Les femmes victimes de cette perversité, répondent-elles à des critères spéciaux ? Ismahane : Les victimes ne sont pas, comme peuvent le croire la plupart d?entre nous, des «canons»ou des «bombes latinos», qui s?habillent d?une façon provocante ou aguichante, en tout cas ce n?est pas la règle. Souvent, ce sont des femmes ordinaires et simples. Il faut surtout savoir que le harceleur est un pervers qui cherche à satisfaire ses pulsions sans plus. Dans la majorité des cas rencontrés, les victimes sont des personnes qui travaillent dans le filet social, pour se stabiliser et s?assurer une retraite . Leur travail est une source de survie. Le harceleur n?ignore pas cela, au contraire il saute sur cette occasion, exploite cette détresse, pour exercer un chantage permanent sur sa victime. Si cette dernière cède, c?est souvent contre son gré, par obligation familiale. Quel est le comportement général adopté par les femmes devant cette situation conflictuelle ? Elles n?ont guère le choix, soit elles quittent leur travail pour un ailleurs plus sécurisant, c?est ce qu?on appelle psychologiquement fuir la situation, soit elles cèdent pour garder leur poste. Dès lors que ces personnes acceptent la situation, il n?y a plus de conflit. Si la femme était appuyée par sa famille, pensez-vous qu?elle aura assez de courage d?en parler et d?intenter une action en justice ? Comme tout sujet d?ordre sexuel, chez nous, les femmes ne peuvent pas parler du harcèlement sexuel qu?elle subissent. C?est tout le monde qui lui tourne le dos, même la famille. Et du statut de victime, elle devient actrice, donc coupable. Tout l?environnement s?y oppose, famille, collègues? . Bien sûr, si la femme était soutenue, les choses seraient différentes. Imaginez la réaction des parents, des frères, du mari ou des amies? C?est un rejet direct, sous prétexte que c?est honteux et déplacé. Quel est l?attitude à prendre lorsqu?une femme est victime d?un harcèlement sexuel ? Le premier geste, c?est de l?écouter, de la laisser briser la loi du silence, ensuite la comprendre et la croire. Souvent, mes patientes m?affirment qu?on ne les croit pas et que la première réaction des autres était d?infirmer leurs dires, qu?elles inventent ou qu?elles s?imaginent des choses. Je le redis encore une fois, le harcèlement est un comportement pervers. Tout dépend de ce que cherche le harceleur, qui est prêt à aller jusqu'à l?extrême.