Départ n Le lendemain, et après une bonne nuit réparatrice et un petit-déj copieux, Salim et sa famille reprennent de nouveau la route vers Bizerte, à 160 km et avec un plein fait en dinars algériens à Bouteldja. A l'aide d'une carte Michelin qu'il s'est dégotée avant le départ d'Alger, Salim rallie Bizerte en un peu plus de deux heures de temps, pendant que sa femme lui rappelle que les Bizertins étaient les descendants d'émigrés berbères d'Algérie (tiens, tiens) fuyant les années de sécheresse de la fin du XIXe siècle, de musulmans d'Andalousie, de slaves musulmans de l'Empire ottoman, de Siciliens, de Corses, de sardes, de Maltais et de Russes blancs (installés après la Révolution russe de 1917). Avec amabilité, un policier interrogé par Salim, lui indique le chemin non sans lui souhaiter la bienvenue «dziri marhba !» Et en dix minutes, la famille arrive à destination : «On y est, s'écrie Salim, les vraies vacances peuvent commencer.» D'autant qu'au niveau de la réception de l'établissement hôtelier, l'accueil est également courtois et que la réservation y est déjà inscrite. Alors on tente de négocier une chambre vue sur mer, ce qui n'est pas évident en cette période de grand rush ; mais la préposée a promis de tout faire pour cette énième famille algérienne qui débarque pour la première fois à Bizerte depuis le début de l'été. Une fois les formalités remplies, les bagages déposés à la chambre — vue sur mer, évidemment — par un chasseur attentionné, qui attendait tout de même un petit pourboire, les membres de la famille de Salim vont vite à la découverte de leur lieu de résidence et ses différents compartiments (restaurants, plage, salle de jeux, piscines…). Ils commencent déjà à débattre sur leurs activités, leurs sorties, leurs visites, leur crochet à Tunis pour visiter la médina, Sidi Boussaïd, et pourquoi pas, un tour à Carthage-land, ce parc d'attractions à thèmes du côté de Hammamet dont ils ont entendu parler. Ce n'est pas un rêve, mais Salim réalise, malgré tout, (le voyage et quelques tracasseries) et tout comme d'autres milliers de ses compatriotes, qu'en Tunisie (sans vraiment verser dans la pub béate), il pouvait se permettre des vacances décentes et de qualité avec sa famille, à un prix plus ou moins raisonnable et surtout en toute quiétude. (*) : All Inclusive : c'est une formule qui signifie que plusieurs consommations, en plus du prix de la chambre, de la restauration et de certains services, sont comprises comme les boissons ou la nourriture à toute heure, dans le prix total.