Constat n Une enveloppe de deux milliards de dinars a été allouée par le ministère de la culture pour la 1re édition du festival international de littérature et du livre de jeunesse. Lors de l'inauguration de ce festival, qui se tient depuis le 21 et jusqu'u 29 août , sur l'esplanade de Riad-el-Feth , la ministre de la culture s'est dite satisfaite d'une telle initiative, car, a-t-elle déclaré, «ce genre de manifestations vise à rapprocher les jeunes algériens du livre et de la lecture, et contribuer ainsi à la consécration de l'amour de la lecture.» Un festival consacré entièrement à la jeunesse et au livre est une initiative louable, d'autant plus que cela va impulser une dynamique visant à créer un jeune lectorat, mais la question qui se pose est : quelle différence y a-t-il entre ce festival et le Silja (le salon international du livre de jeunesse d'Alger) qui, lui, se tient annuellement à la bibliothèque nationale. Il s'avère qu'aucune différence n'est à relever, si ce n'est que le festival est institué et initié par le ministère de la culture et le Silja est organisé par la bibliothèque nationale. En visitant les stands du festival, l'on peut faire état d'une similitude entre l'un et l'autre. En plus, ce présent festival n'est autre qu'un salon du livre parmi tant d'autres, avec son volet d'exposition et d'animation, alors pourquoi consacrer un budget aussi conséquent pour faire une réplique du Silja ou il s'agit encore d'une grande imitation de l'espace dédié à la jeunesse par le Sila (le salon international du livre d'Alger). Pourquoi tant de réitération ? Le comité d'organisation, à sa tête Smain Amziane, commissaire du festival, réagit à cette question et justifie la tenue de cette manifestation par le fait que c'est un festival et non pas un salon. Il se trouve que ce rendez-vous international de littérature et du livre de jeunesse prend plutôt des allures de salon, puisqu'il y a un volet d'exposition et un autre réservé à l'animation culturelle – les activités tournent autour du livre et de l'écriture ainsi que de la lecture. Smain Amziane dira : «Les autres salons sont des rendez-vous commerciaux, alors que ce festival ne l'est pas. Son but est d'animer les soirées d'été algéroises – les animations se déroulent de 16h à 23h.» Il est vrai que cet argument est loin d'être convaincant. Si le commissaire du festival, voire plutôt de ce salon s'en tient à cela, certains professionnels du livre expliquent simplement que la tenue de cette manifestation est motivée par ce souci «d'offrir aux Algériens l'occasion de s'informer sur les productions éditoriales nationales et mondiales récentes dans le domaine du livre destiné à la jeunesse». Il est question également «de favoriser les échanges entre lecteurs et auteurs», comme il est question «de développer une réflexion sur l'état de la création littéraire en Algérie». Enfin, l'objectif de ce «festival» consiste à susciter un regain d'intérêt pour le livre et, en conséquence, pour la lecture chez le jeune, en impliquant, par le biais des animations culturelles qui, elles, se tiennent en marge du «festival», les parents à activer l'intérêt des enfants en faveur du livre et, du coup, exalter leur goût pour la lecture. Si tels sont les objectifs de ce festival, quels sont alors ceux du Sila ou bien encore du Silja ? Il se trouve que les mêmes rendez-vous s'assignent les mêmes ambitions et nourrissent les mêmes préoccupations : le souci et le devoir d'assurer la relève du lectorat. Enfin, pour d'autres professionnels du livre, un troisième rendez-vous n'est pas de refus dans la mesure où la question du livre et notamment du lectorat se pose avec acuité.