Singularité n Le ramadan de cette année a cette particularité d'intervenir en pleine saison estivale, donc de chaleur. Sans doute, c'est une première expérience pour de nombreux jeûneurs de la nouvelle génération, contrairement à leurs parents qui, eux, en savent quelque chose pour l'avoir déjà «testé». Les expérimentés avouent, pour certains, la difficulté d'assumer cet acte religieux durant la période de grandes chaleurs ; et pour d'autres en revanche, même si la «tâche s'avère pénible, ils n'ont pas eu de mal à accomplir leur devoir religieux étant donné que la souffrance et la force d'y faire face font partie de l'essence même du ramadan. Un mois de toutes les privations et durant lequel les jeûneurs s'efforcent de se consacrer aux rituels qui accompagnent cette fête religieuse annuelle sans, toutefois, perdre de vue qu'ils sont également tenus de souscrire à leurs obligations relatives à la vie quotidienne. Les jeunes générations, unanimes à déclarer n'en avoir jamais fait l'expérience, affichent d'ores et déjà des appréhensions par rapport au fait que le mois de jeûne de cette année rime avec chaleur et souffrance. Des craintes fortement «soutenues» par un thermomètre loin de revoir ses prétentions à la baisse à la veille même du jour «J». Les anciens, eux, tiennent un tout autre discours, néanmoins sous réserve. Une ancienne paysanne qui vit, aujourd'hui, en ville raconte avoir «courageusement» défié les aléas du temps conjugués à la privation physique (de manger). Elle déclare, non sans fierté, avoir même été au four et au moulin ; assumant à la fois les charges familiales en élevant ses enfants en bas âge dont le père est un exilé et en même temps s'occuper de tout ce qui a trait aux champs et à leur entretien… Elle confie qu'elle était une jeune mariée lorsqu'elle a expérimenté cette «épreuve». «Mais je l'ai surmontée quand même !», se rappelle-t-elle et de renchérir que ce qui était valable pour elle l'était tout autant pour le reste des femmes de son village dans la région de Larbaâ-nath-Irathen (Tizi Ouzou). Une autre femme d'un village voisin, affirme, pour sa part, qu'elle était enceinte de sa fille aînée en cette année de 1978 lorsqu'elle fut «amenée» à assumer son devoir religieux malgré les contraintes dues à sa grossesse. «Comme j'étais la première belle-fille de la famille, je me devais d'assurer en plus des tâches ménagères pour une famille nombreuse composée des beaux-frères et des belles-sœurs ainsi que des beaux-parents et faire en sorte à ce que ma grossesse ne soit pas compromise», raconte-t-elle. Elle ajoute qu'«avec les dures conditions climatiques que nous devions supporter, il ne fallait pas perdre de vue que les journées, plus longues que le reste de l'année, n'étaient pas de tout repos». Et de renchérir : «Heureusement que ce même facteur jouait aussi en notre faveur.» Elle s'explique : «Vu que le f'tour (rupture du jeûne) se faisait à une heure très avancée de la journée (vers 20h oo), nous ne nous levions pour le s'hour (déjeuner du petit matin avant le début du jeûne) que tardivement. Cela nous permettait de gagner plus d'heures de sommeil ; aussi avions-nous tout le temps de prendre notre modeste petit-déjeuner», ajoute-t-elle.