Son nouvel album sortira sur le marché dans 15 jours. Fera-t-il mieux que Joséphine? Ambitieux, en tout cas, le succès ne lui fait pas peur, bien au contraire. L'Expression: Peut-on connaître l'histoire de ton tube Joséphine qui a fait un tabac cette année? Réda Taliani: En fait, j'étais en train de penser à un sujet sur l'émigration. Je voulais une chanson qui touche tout le monde. Avec des mots courants et un accent populaire. C'est le couplet du refrain qui m'est apparu en premier. Le premier morceau du refrain qui dit: «Saât tbani akliya, n'hat rassi feraya. N'dirchhoud alya ou nkhebar el boulissia, nkaraâ el machina ou nkis rouhi kbalha...», le reste des paroles est venu tout seul. «Joséphine, Joséphine, ma derti fiya», m'est venu au moment où j'étais en train d'écouter sur El Bahdja la chanson Ya Yamma. C'est parti de là. J'ai utilisé le même mode musical pour le refrain. C'est vrai que la chanson traite du suicide? Il n'y a pas de violence du tout dans la chanson! C'est l'histoire d'un gars qui a force d'avoir marre de la vie, pense à se suicider, mais il prend conscience de sa situation et justement il ne veut pas en arriver là et demande à Joséphine de reprendre ses affaires et de partir. Comment avez-vous accueilli, ce succès phénoménal? Ne vous est-il pas monté à la tête? Il ne m'a pas impressionné. C'était le but que je m'étais fixé depuis toujours. Si ce n'était pas aujourd'hui cela aurait été demain, dans un an ou plus... D'un côté, c'est bien d'être arrivé là où je m'attendais, parce que c'est une opportunité, une porte qui vient de s'ouvrir pour moi. Mais cela ne veut pas dire que je suis arrivé au bout, au top niveau. A partir de là commence le vrai travail. «Allez va maintenant. Fais-nous voir ce que tu sais faire?». Du malouf au raï, comment expliquez-vous cela? J'ai fait le conservatoire à partir de 5 ans. J'ai étudié le malouf, le hawzi, le chaâbi et ce, jusqu'à l'âge de 15 ans. A cet âge, on commence à écouter Hasni, le raï, les chansons rythmées, un peu de tout. En même temps, en tant que musicien, tu te dois de toucher à tous les styles, écouter Amar Ezzahi aussi bien que cheb Abdou. Moi, j'écoute de tout, le classique, l'oriental, le jazz, le blues, le rock, le hard rock. Je ne laisse rien passer. J'écoute pour apprendre. Ne pensez-vous pas qu'il sera difficile maintenant de faire mieux que Joséphine? Songez-vous à cet obstacle? J'en ai conscience. Ce ne sera pas difficile. Mais il faudra assurer au niveau de ton travail. Tu dois te surveiller, être juste. Si tu maîtrises bien les secrets du marché et tu connais le goût du public... parce qu'il faut faire une «étude de marché» avant que tu ne te lances... A juste titre, mon prochain album raï possède un kit et un bit Rnb. Notre jeunesse écoute le hip-hop, le Rnb en même temps que le raï. La nouvelle génération Internet, cybercafé est très branchée musique occidentale. Elle écoute Réda Taliani, Eminem, Snoup, Dog... Pourquoi ne pas lui faire un album qui réconcilie et mélange tous les styles... Tu lui donnes quelque chose d'original. Déjà c'est un peu ma démarche: donner du nouveau à chaque album. A quand le prochain album? Il sera sur le marché dans une quinzaine de jours. J'ai ainsi une compil qui sortira au mois de juillet en France chez Universal où je chante en italien dans les refrains avec des couplets raï. Un peu Rnb pour rester à la page et surtout pour évoluer... Cette compil contient en outre Joséphine dans une nouvelle version. Le nouvel album qui sortira ici et chez Virgin, je l'ai conçu dans l'esprit d'un show live. Il contient plusieurs chansons. Une sur la mer - je précise que je suis auteur, compositeur - une sur l'obsession amoureuse ainsi qu'une autre sur quelqu'un qui vit en exil et sa mère lui manque. Il y a également une autre chanson sur les relations garçon/fille: «Suis-le, il te fuit, fuis-le, il te suit». Tous ces morceaux relèvent du genre raï'n'b. Y a du berouali aussi, différents instruments acoustiques... Je chante aussi sur les expulsés et sur la solidarité des Algériens entre eux à l'étranger... Sans énumérer tous les titres. Quelles est la particularité de ce nouvel album et en quoi diffère-t-il par rapport au premier? Au niveau des arrangements, il est loin du premier. Même les sujets, nous avons choisi une variété de thèmes. On parle de la mer, de la relation amoureuse, de l'exil, de «lemima» et autres... Des projets en perspective sinon, un concert ou une éventuelle tournée? Quel sera le titre phare de ce nouvel album? Nous ne l'avons pas encore choisi, c'est le public qui tranchera après l'avoir écouté. Côté concert, je suis engagé avec des tourneurs en France qui travaillent dans toute l'Europe. Ici, il y aura, juste après la sortie de l'album, un concert organisé avec le concours de l'Onci. Et puis, pendant la période estivale, il y en aura sans doute énormément. Malgré qu'on soit occupé à l'extérieur, le contact est toujours là. Je suis peut-être plus à l'étranger actuellement mais je suis toujours lié aux gens d'ici et à mon public. Mais je dois viser plus large. Des duos? Pour le moment les duos ne m'intéressent pas. Il faudrait que cela soit, dans ce cas, dans un cadre créatif. Il faut qu'il apporte un plus, sinon ce n'est pas la peine. Enfin qui est Réda Taliani? Et cette Joséphine... C'est un garçon ordinaire de 25 ans. Célibataire ... Les gens savent tout... (sourire). Joséphine, oui je l'ai rencontré. Sans plus. Le raï, d'après-vous, où en est-il exactement? Il est partout dans le monde. Tous l'écoutent aujourd'hui. Il est en première position. Qu'on le veuille ou non. Il a tranché. En Chine, on connaît Khaled, cheb Mami. Je ne dis pas que je suis connu là-bas. Peut-être que quelqu'un qui part en Chine emporte avec lui 5 cassettes de Réda Taliani. Mais des gens comme Khaled et d'autres ont atteint la mondialisation. C'est bon. En Chine, on danse sur Diddi. Pourvu qu'on suive la même voie mais avec de nouvelles stratégies. J'aimerais bien atteindre le niveau mais avec une conduite bien stable à l'image de Zinedine Zidane. C'est une star connue dans le monde entier. Il a une très bonne personnalité. C'est un gars aimé partout et par tout le monde. Alors j'aimerais bien lui ressembler. Etre à son image qui est propre et intacte. Une personne objective qui a des principes et sait ce qu'elle veut faire.