Asif Ali Zardari, veuf à la réputation sulfureuse de l'ex-Premier ministre Benazir Bhutto, sera très probablement élu président du Pakistan samedi prochain par une majorité parlementaire pourtant fragile, dans un pays ravagé par les attaques des islamistes proches d'Al-Qaîda. Il succédera à Pervez Musharraf, poussé le 18 août à la démission par une coalition de partis de l'ex-opposition, vainqueurs des législatives de février. M. Zardari était inconnu à l'étranger avant l'assassinat de Mme Bhutto dans un attentat suicide en pleine campagne électorale le 27 décembre 2007. Et, jusqu'à ce qu'il prenne de facto la tête du mouvement de la défunte, le Parti du peuple pakistanais (PPP), quelques jours après le drame, il n'était célèbre au Pakistan qu'en tant que symbole de la corruption du pouvoir dans les années 1990. L'accession à la magistrature suprême de celui que les Pakistanais surnomment «Monsieur 10%» – en référence aux commissions qu'il était accusé d'empocher, avant de bénéficier d'une amnistie fin 2007 – ne devrait toutefois rien changer au paysage politique à court terme : M. Zardari dirige de fait le pays depuis mars en tant que chef du premier parti de la coalition gouvernementale. Son élection comme président ne devrait donc pas aider, dans l'immédiat du moins, la République islamique du Pakistan, seule puissance militaire nucléaire du monde musulman, à se sortir du chaos – politique, économique et surtout militaire – dans lequel elle est plongée depuis plus d'un an. R. I.